Initié par le ministère de la Culture, en collaboration avec l'Office Riadh El-Feth, un jubilé en l'honneur du maître de la musique chaâbie, Cheikh Boudjemaâ El-Ankis, sera organisé à la salle Ibn Zeydoun ce soir à 19h. Cet hommage qui entre dans le cadre des manifestations organisées pour honorer les grandes figures de la culture algérienne s'ajoute aux autres actions visant à lever le voile sur le parcours à la fois brillant et riche de nos artistes. Cheikh Boudjemaâ El-Ankis, de son vrai nom Boudjemaâ Mohamed Arezki, est originaire du village Aït Arhouna près d'Azzefoun. Il a vu le jour le 17 juin 1927 à la Casbah d'Alger et y a effectué ses études jusqu'à l'obtention du certificat d'études primaires en 1939, avant de quitter les bancs de l'école pour commencer à travailler afin d'aider sa famille, comme le faisaient la plupart des jeunes algériens à l'époque coloniale. C'est à cette période, coinçidant avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, qu'il commença à se découvrir une passion pour la musique. Son histoire avec le chaâbi a commencé par l'achat d'une guitare à l'insu de ses parents. Puis, en 1941, il rencontra son vrai maître en la personne du Cheikh Hamdan Kabaïli qui va le suivre et l'aider à intégrer son orchestre. Trois ans plus tard, il parvient à mettre sur pied son propre orchestre et sera rejoint par plusieurs musiciens tels que Moh Akli Ayad au tar, Mohamed Kabbour dit «tailleur», Rechidi Mohamed et d'autres. Un premier pas qui annonce le début d'une carrière florissante. Cela exigeait, néanmoins, de lui, une bonne connaissance de la langue arabe, seul moyen pour pouvoir maîtriser la poésie populaire et ses subtilités. La rencontre avec Cheikh Ibnou Zekri, au café Malakof, lieu de prédilection des passionnés du chaâbi, sera pour El-Ankis providentielle puisqu'il l'aidera à intégrer le lycée franco-musulman de Ben Aknoun dont il était le proviseur. Au fil des années, Boudjemaâ Mohamed devient Boudjemaâ El-Ankis, un artiste à l'empreinte musicale exceptionnelle. Après le déclenchement de la guerre de libération, sa carrière est interrompue en raison de son enprisonnement en1957 et 1960. Cependant, au lendemain de l'Indépendance, il renoue avec la musique et sa rencontre avec Mahboub Bati sera le prélude d'une belle relance de sa carrière. Ensemble, ils produisent une cinquantaine de chansonnettes qui le propulsent sur le devant de la scène. D'autre part, sa collaboration avec le grand compositeur Mohamed El-Badji, donne naissance à quelques célèbres titres comme Yal meknin ezzine, Bahr ettofane, Yaâya idji nhar echems tedderrq, Ana ândi qalb, Ya kebdi oueldi âlach, Ma âliha bouab... Se distinguant par son attachement aux chants traditionnels, El-Ankis va dès 1960 se lancer dans l'interprétation de plusieurs titres en kabyle, composés par le talentueux Kamal Hamadi dont Akhlef n'ereman, Themzi ou, Tadarth gi lulagh, Thithvirth. Pour rappel, c'est la deuxième fois qu'un hommage de grande envergure est rendu au cheikh Boudjemaâ El-Ankis, après celui de 2003 avec les autres doyens de la musique chaâbie.