On se demande vraiment comment va être résolu ce brûlant dossier des anciens habitants de l'avenue de Roumanie. Ce problème a été évoqué à plusieurs reprises et nous avons toujours soutenu que l'administration ne l'a absolument pas traité avec la sagesse requise puisque beaucoup de ces habitants ont été réellement lésés. En plus de cela, cette administration avait elle-même jeté de l'huile sur le feu quand elle avait déclaré que «le dossier des habitants de l'avenue de Roumanie est définitivement clos.» Ceci au moment où des dizaines d'entre eux, avec femmes, enfants et vieillards étaient jetés dans des conditions inhumaines avec leurs affaires dans les locaux de la fourrière municipale. C'était au moment aussi où plusieurs habitants s'étaient déplacés à Alger pour tenter de soumettre leur dossier au Chef du gouvernement, et suite à leur échec, ils s'étaient mis en sit-in à la gare routière. On ne sait pas où mais selon eux, il leur a été promis qu'une étude de leur cas était en cours. Depuis, rien n'a été enregistré et il faut donc se mettre à la place de ces familles qui, sans abri, ont fini par perdre tout espoir. Les nombreuses protestations émises devant le cabinet du wali de Constantine n'ont abouti à aucune solution et c'est ainsi que l'on arrive cette fois-ci à l'impensable qui mobilise soudainement une grande majorité de la population locale. En effet, ils sont d'une centaine à s'être rassemblés à l'entrée du pont suspendu de Sidi M'cid envisageant de se jeter collectivement au fond du Rhumel. 7 jeunes se sont hissés sur les cordes du pont pour menacer de se suicider. Evidemment, c'est la grande alerte. Le chef de cabinet de la wilaya, la protection civile, la police et même un communiqué du wali ne sont pas parvenus à dissuader ces familles de revenir à la raison. Sous une température de -2° centigrades, elles ont déjà passé deux nuits devant l'entrée du pont. Finalement, c'est à se demander de quel volume est cette malédiction qui s'est abattue sur cette ville où toutes les castes sociales semblent atteintes d'un profond et incurable déséquilibre. C'est dire combien est lourde la mission héritée par l'actuel wali qui est le seul à devoir affronter les populations en colère. Les autres, notamment les élus, sont totalement absents. Surtout s'ils sont des enfants de la ville. Comme ceux qui siègent au niveau de la commune et qui ne font, ces derniers jours, que se chamailler pour régler entre eux des comptes obscurs. Comme ceux du conseil de la wilaya plutôt très discrets sauf quand il s'agit d'étudier des budgets de fonctionnement. Quand aux autres, les élus nationaux, qu'ils soient députés ou sénateurs, c'est l'effacement total. Au point où peu de citoyens les connaissent. Pourtant, il faut que quelques-uns s'impliquent. A défaut de se décharger de leurs mandats. La wilaya ou les communes qui les ont élus souffrent énormément de divers problèmes. A commencer par cet inextricable difficulté de recasement des habitants des bidonvilles. Autant sont ceux qui sont évacués et autant sont ceux qui s'estiment lésés et illégalement exclus. Ils veulent tous bénéficier de logements neufs même si leur installation dans ces poches de la honte ne date pas de longtemps. Le plus paradoxal est qu'ils sont tous en possession de certificats de résidence ou plus aliénant d'actes de mariages fictifs. N'est-ce pas qu'à ce sujet, un wali avait publiquement déclaré être en possession de preuves quant à la concussion de certains agents de la commune ? Pourquoi aucune mesure n'a-t-elle été prise jusqu'à ce jour ? Voilà une des grandes plaies de la wilaya de Constantine qui s'enfonce de plus en plus dans le «douarisme». Les habitants de l'avenue de Roumanie menacent de se suicider collectivement. Ceux de l'ancien Sotraco, de l'avenue Kitouni, ceux de la vieille ville ou de Aouinet El foul déferlent chaque jour devant le cabinet de la wilaya pour y tenir des sit-in et aucun élu ne réagit comme l'exige la mission qui est la sienne. Ils attendent tous la baguette magique du wali. D'ailleurs l'un des seuls à essayer de s'afficher a été tout simplement rayé par le responsable du parti politique auquel il est affilié.