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Et si la France demandait pardon, les Algériens sont-ils en mesure de pardonner ?
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 02 - 2012

La question des harkis, parlons-en, au sens de la triple vérité culturelle : historique, humaine et morale.
En 1962, à l'indépendance, il y avait des odeurs de pourriture, un mélange d'ordures, mêlé aux cadavres des bêtes abandonnées par les Européens d'Algérie, qui n'avaient de cesse que de quitter Alger la Blanche devenue rouge de sang. Les oiseaux, les chiens, les chats et autres animaux domestiques, toutes races confondues, finissaient par mourir de faim, et leurs cadavres mêlés aux ordures ménagères qui s'amoncelaient, dégageait une odeur de salpêtre, qui était elle-même enveloppée de la fumée qui s'échappait des amoncellements de meubles et de voitures que les propriétaires brûlaient, un peu partout, faute de ne pouvoir les emmener avec eux. Dans ce brouillard d'incertitude, une chose était certaine; l'Algérie venait d'être indépendante, et la joie du peuple en liesse soufflait si fort des bouches des femmes qui lançaient des «youyous», que personne ne ressentait les choses comme moi. Tout le peuple algérien était heureux. Moi je l'étais moins, occupé à essuyer les larmes de ma pauvre mère qui avait perdu son mari, son fils et son frère, tous tombés au Champ d'honneur. Cette femme, ma mère, n'avait plus que moi, «seul rescapé» des hommes de ma famille. Je revenais sous-officier de l'ALN que j'avais rejoint à la mort de mon père alors que je n'avais que 17 ans. Quelques mois après l'indépendance, alors que j'allais sur mes 19 ans, et qu'il y avait encore à Alger des familles d'Européens, appelés pieds noirs, j'ai un jour fait la connaissance de deux dames de l'âge de ma mère, la cinquantaine. Et dans la discussion, elles me firent la confidence de ce qu'elles aussi avaient perdu ; l'une son fils et l'autre son mari, des militaires de l'armée française, tués par ceux qu'elles appelaient les gens du FLN. Une idée me traversa l'esprit et je décidai de les inviter chez moi pour les présenter à ma mère. Je voulais savoir ce que produirait la rencontre de ces femmes dont les hommes de l'une avaient peut-être tué ceux des deux autres ? Et vice-versa. En tout cas, je voulais savoir ce que produirait la rencontre de ces femmes d'ennemis. Arrivés chez moi, ma mère parlant très bien le français les a reçu gentiment, et je les lui ai présentées en lui racontant que l'une avait perdu son mari et l'autre son fils. Et à ces deux dames, j'ai fait part du malheur de ma mère. Elles se sont regardées une fraction de seconde et elles sont tombées en sanglots dans les bras l'une de l'autre. Elles pleuraient tellement fort que je ne distinguais plus ni les pleurs ni la voix de ma mère de celles de ces Françaises. Elles se serraient tellement fort qu'il m'a fallu l'aide d'un ami présent pour les séparer. Elles se sont assises au salon, et se sont mises à discuter entres elles de leurs malheurs. Ce jour-là, je compris ce que c'était que la guerre d'Algérie. Et depuis, j'ai quitté l'armée pour me consacrer à la construction de ce que d'autres hommes ont détruit. Ayant survécu à la guerre d'Algérie et après un long travail sur ma personne, l'essentiel de mes efforts, aujourd'hui, consiste à répandre le message du pardon et de la réconciliation entre tous ceux qui sont nés sur la terre d'Algérie, pour lesquels, quelles que soient leurs religions ou leurs nationalités, je n'ai que de l'amour. On est en droit de se demander pourquoi prendre en charge une tâche aussi difficile ? Mais c'est très simple : c'est parce qu'il y a tant de blessés à soigner, tant de blessures à guérir : 1-) S'il y a une culture mondiale aujourd'hui, c'est celle de la mort. De l'Afrique à l'Europe à l'Amérique, télévision, cinéma, journaux, littérature – tout n'est que violence, vengeance, amertume et ressentiment. 2-) Le cycle est sans fin : chaque guerre en amène une autre, chaque violence davantage de violence. Toute personne ou groupe de personnes semble avoir son ennemi. Chose surprenante, ces« ennemis » ne sont souvent plus présents; dans certains cas, ils ne sont même plus vivants. Mais le véritable ennemi, celui qui nous menace tous, a plusieurs visa-ges : c'est la colère et l'amertume que l'on porte chaque jour en soi, la peur et l'anxiété qui dorment à nos côtés la nuit. Nul besoin de voir l'ennemi en un autre – il est en nous. Nous nous tuons nous-mêmes. El khir fina oua char fina (Si Boudiaf, Allah yarahmou). Loin de moi l'intention de dénigrer notre Révolution et les hommes qui l'ont inspirée, ceux qui l'ont conçue, jusqu'à ceux qui l'ont réalisée. Loin de moi l'intention de diminuer de la qualité de nos chouhada et moudjahidine, puisque mon père, mon frère et mon oncle sont tous trois tombés au champ d'honneur sous la bannière de l'ALN ; ma mère est une moudjahida et moi-même je fus impliqué dans la lutte de libération dès l'âge de 15 ans, et à la mort de mon père j'ai rejoint à mon tour l'ALN alors que je n'avais que 17 ans. Je ne peux donc ni me renier ni me désavouer. Et étant l'héritier et le gardien de notre passé, je suis aussi à 68 ans un témoin des événements de l'époque moderne. Et pour toutes ces raisons, je ne peux donc rester insensible à ce que devrait être mon pays si toute la famille algérienne dans ses différentes branches se retrouvait, les manches retroussées, pour que notre pays devienne un paradis sur terre. Aussi, et pour que l'on comprenne bien les raisons de cette intervention, je tiens à signaler que mon intention ici est de poser la question cruciale de savoir, jusqu'à quand les tabous ? Jusqu'à quand l'entretien des mythes qui ne servent ni notre pays, ni notre peuple ? Nous sommes dans la voie de la réconciliation avec notre ennemi d'hier, avec lequel, pour peu que le représentant principal de l'Etat français fasse la reconnaissance du tort fait à l'Algérie, que le pardon devra régner, pour passer à une autre page de l'histoire. Des voix exigent de la France une demande de pardon ; certes, cette reconnaissance tôt ou tard sera faite. Les Algériens sont-ils prêts à pardonner à ceux qui demanderont pardon ? A ma connaissance personne ne s'est encore soucié de cette question. C'est pourquoi je me sens le devoir de le faire. Et même si, pour certains, je le fais mal, le mérite aura été de l'avoir dit. Pour parler réellement et honnêtement de ce qu'a vécu notre pays depuis l'occupation coloniale, de 1830 à 1962, il faut bien retenir que le mal qui a été fait a touché l'ensemble de la société algérienne, appelée indigène à l'époque. Et ce mal était fait sans distinction; il était fait à tous les indigènes quels qu'ils soient. Et ces indigènes ont pour la plupart souffert de l'occupation, mis à part quelques centaines de familles, collaborateurs, caïds et bachaghas. Quant au reste de la population, ils allaient presque tous sans exception nu-pieds, jusque dans les grandes villes d'Algérie, où pavoisait la bourgeoisie Européenne d'Algérie. L'Algérie ayant été l'objet d'une politique de peuplement, des gens de toutes sortes, familles issues de nombreux pays européens furent appelés à peupler l'Algérie, comme si celle-ci était un territoire vide de tout habitant. Et c'est ainsi que des milliers de familles furent trompées et contre un lopin de terre et les moyens de labourer, ils furent déclarés propriétaires d'une terre que l'autorité française n'avait pas le droit de céder puisque n'étant pas la sienne. C'est ainsi que les nouveaux occupants de l'Algérie Française furent trompés et travaillèrent une terre qu'ils croyaient être française, et qui en fait ne l'était pas puisque 132 ans plus tard, l'Algérie sera algérienne, et les pieds-noirs la quittèrent sous l'influence d'une organisation secrète, l'Oas, qui allait mettre le pays à feu et à sang. Faisant fuir les familles de pieds-noirs et de harkis vers la métropole française où ils furent très mal accueillis et souffrirent d'un nouveau départ avec toutes les difficultés d'installation et d'adaptation qui allaient s'en- suivre. En 1959, les pieds noirs étaient plus d'un million, soit 10,4 % de la population vivant en Algérie. Concentrés dans les régions côtières, ils représentaient 35,7 % de la population dans l'Algérois, 40,5 % à Bône et 49, 3 % à Oran. Cela dit, l'on ne peut pas parler des méfaits de la France en considérant que les pieds- noirs et les harkis ne sont pas à prendre en compte ni à considérer dans l'évaluation du tort qu'a fait l'autorité française de l'époque à l'Algérie en lui faisant la guerre. Car les pieds-noirs ont été trompés pour être ramenés en Algérie par le pouvoir politique de l'Etat Français pour peupler l'Algérie, et les harkis, avant de devenir harkis, étaient des indigènes qui subissaient le joug colonial comme tous les autres Algériens. C'est l'armée française qui a utilisé le maillon faible de la société algérienne pour en faire des mercenaires qu'elle a entraîné à combattre leurs propres frères et cousins, qui eux combattaient pour l'indépendance et la libération de la patrie Algérie. Cet acte est à l'origine du grave fratricide, qui s'en est suivi. Pour comprendre cet état de choses, il nous faut situer les faits dans leur con-texte, et revenir à cette époque. A savoir que le mouvement indépendantiste algérien était représenté par Messali, vénéré par les militants du PPA/MTLD, son parti, dans lequel il y a eu une scission, entre ceux qui était pour le déclenchement de la lutte armée de libération nationale et ceux qui suivaient Messali dans la voie pacifique pour le recouvrement de l'indépendance. (Suivra)

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