La chorégraphe algérienne Sabah Benziadi est mondialement connue, notamment dans le monde arabe et en Europe, mais elle reste inconnue de ses compatriotes en Algérie. Rencontrée à Rome, cette artiste a fait savoir à l'APS qu'elle dirige depuis plusieurs années une académie de danse (El-Kahina) à Palerme, en Sicile, où elle enseigne différents genres de danses algériennes à des jeunes italiennes, et monte des spectacles chorégraphiques avec sa troupe qu'elle présente en Italie et dans plusieurs pays arabes à l'occasion de festivals culturels. «Mes pièces chorégraphiques qui traitent surtout de thèmes écologiques, comme la dernière que j'ai appelé le Palmier clandestin (2011), je préfère les présenter au public dans des théâtres antiques, en Sicile surtout, où ces édifices sont bien entretenus», confie-t-elle. Le printemps dit arabe en 2011 a inspiré l'artiste algérienne qui a mis au point une chorégraphie traitant des bouleversements dans certains pays du Maghreb et du Moyen-Orient, sous l'angle migratoire vers Djazirat El-Ahlam (l'île des Rêves). Allusion aux flux migratoires sur Lampedusa (Sicile). Née à Alger, Sabah étudie dès son enfance avec sa mère et sa grand-mère toutes deux danseuses, donnant sa première représentation à l'âge de onze ans au Théâtre national d'Alger, dit-elle. «Je suis arrivée en Europe en 1989, d'abord en Allemagne, à Nuremberg, où j'ai vécu trois ans, au cours desquels j'ai enseigné la danse et créé ma troupe «Tin Hinan», avant de m'établir à Palerme, à partir de 1992», raconte-t-elle. Sabah Benziadi a été «la première à introduire l'art de la danse orientale en Sicile et a pu, à travers ses fantastiques représentations et la grâce de ses prestations, prouver au monde ses capacités et promouvoir un éventail de différents types de danses réunies sous le terme de danse orientale», écrit le journal italien. L'artiste enseigne la danse en Italie, mais aussi en Egypte, aux Emirats arabes unis, au Liban, en Syrie, en Tunisie, au Maroc. Son répertoire inclut, outre la danse algéroise, appelée «Rasksat al Aassima», la danse dite des sept voiles, la danse du bâton, la danse du candelabre, celles des Ouled Naïl, des Touaregs, les danses traditionnelles, danses d'Afrique du Nord... «Sabah connaît le succès dans le monde entier, grâce non seulement aux émotions et sensations que suscitent ses tableaux et sa chorégraphie, mais plus encore par la grâce de ses mouvements desquels émanent une certaine magie et un hymne à la vie», explique le journal italien. «J'ai participé à de nombreux festivals internationaux, ainsi qu'à des présentations culturelles. Au festival de Babylone en Irak, j'ai obtenu le «Prix du mérite», comme j'ai participé, en tant qu'artiste algérienne, à de nombreux programmes de télévision surtout dans le Bassin méditerranéen, dit-elle, regrettant qu'elle n'ait jamais pris part à un festival en Algérie. La chorégraphe a également créé une Association culturelle «Sabah», à travers laquelle, explique-t-elle, «l'arabe est enseigné aux Italiennes» et utilisé pour les cours de danse, notamment aux fillettes en Sicile (où le parler local comporte des mots empruntés à la langue arabe). «A Sciacca en Agrigente (Sicile) se tient annuellement un festival du cinéma au mois d'août. Ses promoteurs m'ont chargée de sélectionner pour cette manifestation, des films en provenance des pays arabes, sachant qu'aux six précédents festivals dans cette ville, aucun réalisateur algérien n'était présent», déplore-t-elle, émettant le vœu qu'au prochain Festival de littérature prévu en Sicile des écrivains algériens soient invités. La chorégraphe fait savoir que la télévision italienne RAI, qui l'avait invitée à plusieurs reprises pour exposer son art, a mis à sa disposition une salle à Palerme pour, dit-elle, organiser d'éventuelles initiatives culturelles sur l'Algérie, mais «faute de sponsors algériens, cette belle opportunité est restée sans suite».