En cette période hivernale, des centaines de personnes vivent dans des conditions épouvantables et inhumaines. Elles dorment sur des cartons, mangent sur les trottoirs. Hommes, femmes et enfants habitent la rue, livrés au froid et à des bandes de malfaiteurs. En un mot, ces personnes vivent dans la misère la plus totale. Bien avant la venue du grand froid, La Nouvelle République a alerté l'opinion publique au sujet de ces pauvres malheureux (voir notre édition n° 4216 du mercredi 4 janvier 2012). Malheureusement, il semblerait que les personnes habilitées à trouver des solutions à ces personnes avaient d'autres chats à fouetter. Des tournées nocturnes effectuées en compagnie de plusieurs de nos confrères à travers plusieurs villes du pays nous ont permis de constater de visu, la situation désastreuse de ces personnes. Si certaines familles habitent la rue, d'autres ont fait des carcasses des vielles voitures des chambres à coucher et des salles à manger. Abattus par le désespoir, ces personnes disent maudire le jour où elles sont nées et souhaitent quitter ce monde qu'elles n'ont pas choisi. «Est-il normal que nous habitions la rue alors que les lois de la République nous donnent le droit d'avoir un logement ?», a déclaré à la presse une femme assise sur un carton. «Indépendament de la loi et du droit du citoyen, nous devrions être pris en charge, ne serait ce qu'à titre humanitaire», ont-elles martelé. A écouter ces malheureux raconter leurs déboires, nous ne pouvons qualifier cet état de fait que de misère extrême. Sinon comment peut expliquer que des femmes et des enfants sont délaissées, abandonnés sans l'aide de personne. Quelle justification peut-on avancer lorsque des êtres humains dorment dans des cartons à la belle étoile alors que la température affiche -15 C° ? En plus de la vague de froid et des chutes de neige, ces femmes et enfants demeurent la cible des voyous et des malfaiteurs. Des dizaines de femmes ont été violées par des inconnus qui profitent de leur malheur et de leur exclusion sociale. Même des SDF souffrant de troubles psychologiques n'ont pas échappé aux agressions physiques et sexuelles perpétrées par des individus sans loi et ni foi. Ces êtres humains n'affrontent pas seulement les dangers atmosphériques mais également le danger des groupes de malfaiteurs. Lorsque nous constatons que des femmes malades mentales SDF sont enceintes, nous restons bouche bée et nous ne pouvons faire aucun commentaire à ce sujet. Exagère-t-on si nous disions que le fait de ne pas porter secours à ces personnes en difficulté pourrait être considéré comme une atteinte aux droits de l'homme ? Exagère-t-on nous disions que les lois internationales considèrent la non-prise en charge de ces individus comme étant une non-assistance à personne en danger ? Plusieurs questions méritent d'être posées à ce sujet, à savoir que font les services sociaux et les commis de l'Etat et pourquoi sont-ils payés ? Où sont passés les membres du conseil communal et de l'Assemblée populaire de wilaya et pour quel but ont-ils été élus ? Où sont les responsables du Croissant-Rouge ? Quelle est la mission des organisations caritatives et des associations humanitaires et pour quel but ont-elles étaient fondées ? Quelles que soient les réponses, la prise en charge de ces pauvres est obligatoire car ils sont algériens à part entière et ont le droit de vivre dans la dignité.