Actions n Le principal objectif des sorties nocturnes des équipes mobiles n'est pas forcément de «ramasser» les SDF, mais plutôt de les rassurer, d'être à leurs côtés, de les écouter, même s'ils refusent de monter dans la fourgonnette et d'aller à Dély Ibrahim… Lundi 28 janvier 2008. 22h. L'équipe mobile du Samu social de Dély Ibrahim entame sa tournée dans les principales artères de la capitale dans l'objectif d'apporter aide et assistance à toute personne se trouvant dans la rue. Des personnes sans abri venues de différents coins du pays. L'équipe est composée, comme de coutume et conformément aux règles de fonctionnement du Samu social, d'un coordinateur, d'un psychologue ainsi que d'un éducateur. «Nos sorties ne sont pas liées à l'existence d'un grand nombre de sans-abri dans la rue, mais l'essentiel est d'assurer ces citoyens vivant dans la précarité et l'incertitude de notre présence», souligne Zoubir, le coordinateur de l'équipe mobile chargée de sillonner les quartiers dépendant de la circonscription administrative de Sidi M'hamed. En cette nuit où la température ne dépasse guère les 4 degrés, les rues d'Alger-centre sont désertes. La place des Martyrs, le boulevard Zighoud-Youcef, la Grande-Poste sont passés au peigne fin… aucune trace de SDF. Les trottoirs sont vides. «Cela ne veut pas dire que les SDF ont quitté Alger, mais ils ont, peut-être, trouvé refuge dans quelque coin loin des grandes artères pour se mettre à l'abri du froid. Et dans ce cas de figure, nous ne pouvons pas aller les chercher», explique encore notre interlocuteur. Contrairement aux autres avenues, le boulevard Colonel-Amirouche compte quelques SDF. Le fourgon du Samu observe une halte et les agents de l'équipe mobile vont rapidement approcher des personnes qui dorment sur des cartons. Deux vieillards ont, au départ, refusé de parler, se contentant de dire : «Laissez-nous tranquilles SVP.» Les agents du Samu insistent. Les deux vieux rétorquent alors qu'ils n'avaient pas besoin du soutien de qui que ce soit. «Nous ne pouvons pas imposer à un SDF de venir au Samu, d'autant qu'il ne s'agit pas de mineurs», précise Mourad, un autre membre de l'équipe mobile. A quelques mètres de ces deux vieux, se trouve un homme âgé d'une quarantaine d'années environ, emmitouflé dans une kachabia grise, devenue à la longue, noirâtre à force de saleté. il dort sur un carton. Lui aussi ne veut pas venir au Samu. «Je suis à la recherche de ma femme qui a quitté la maison depuis quelques jours. Je vais la trouver et je n'ai besoin de personne», a-t-il répondu. Quelques mètres plus loin, un autre SDF est transi de froid. Lui, il est venu de la localité de Dellys, dans la wilaya de Boumerdès. Sans la moindre hésitation, il a accepté d'accompagner l'équipe mobile. Dans la rue adjacente, une femme et un petit enfant occupent, seuls, le trottoir. «Je ne viendrai jamais avec vous. Je n'accepte pas de vivre enfermée dans les chalets du Samu. Je vous remercie», dit-elle. Les agents de l'équipe mobile affirment que les SDF «envahissent» les chalets du Samu lorsque les conditions climatiques ne leur permettent pas de dormir sur les trottoirs. Les plus téméraires finissent généralement avec une… hypothermie.