Le dernier discours du chef de l'Etat, de par son caractère véhément et par endroit surprenant, peut servir de feuille de route pour tous les acteurs politiques engagés dans la course électorale, ou du moins ceux qu'intéresse l'engagement pour la sauvegarde de la souveraineté nationale, auquel le président attache une importance capitale. Le message ne souffre d'aucune ambigüité : «La fidélité au message des martyrs implique d'éviter à l'Algérie l'ingérence étrangère dans ses affaires internes.» Il s'adresse à la fois aux partis politiques et au peuple qui aura la possibilité de désigner ses élus pour exprimer ses choix fondamentaux. Il dira encore en signe d'avertissement : «Nul n'a le droit de se jouer de la crédibilité et de l'indépendance du pays». «Le moment est crucial et c'est en connaissance de cause que je l'ai considéré aussi important que le 1er -Novembre 1954». Si le chef de l'Etat évite, en pareilles circonstances, de donner des «consignes de vote», une opinion avisée peut facilement deviner quelles sont les forces en présence acquises à cette idée de sauvegarde de la souveraineté nationale et celles, plutôt permissives aux immixtions étrangères. Pour lui, deux indicateurs pour le succès du scrutin : une participation massive des citoyens : «Si vous voulez des réformes et le changement, agissez alors», en mettant l'accent sur le rôle du mouvement associatif dans la sensibilisation sur l'importance de ce rendez-vous électoral. «Si le mouvement associatif existe qu'il le démontre alors à l'occasion de ces élections. Et la régularité de l'opération. En donnant ses instructions fermes sur la transparence du vote – en rappelant ici le rôle des médias et de la justice pour la surveillance des élections-, il a rappelé que l'Algérie a fait appel à des observateurs étrangers pour suivre le déroulement du processus électoral et témoigner de la transparence et de la crédibilité du scrutin. C'est dire l'intérêt que revêtent les élections du 10 mai pour l'image du pays en général au sein de la communauté internationale dans cette conjoncture régionale explosive, où les déficits démocratiques de chaque pays sont exploités pour justement justifier l'ingérence étrangère, accompagnée, dans certains cas, par des pressions diplomatiques et militaires qui ont pu mener des Etats entiers à la désintégration, comme on l'a vu en Libye. C'est à ce pari là que le chef de l'Etat appelle les Algériens à saisir et à relever, en allant le 10 mai prochain aux urnes.