Le peuple syrien a été convié hier à se prononcer par voix référendaire à travers les 14 185 centres répartis dans le pays sur la nouvelle Constitution, phase la plus importante des réformes politiques engagées en Syrie. Le projet de la nouvelle Constitution syrienne qui ne comprend pas l'article 8 de la Constitution de 1973, stipulant que le parti Baâth «est le dirigeant de l'Etat et de la société» ouvre la voix au pluralisme politique et l'alternance au pouvoir en Syrie. Ce pas franchi par la suppression de l'article 8 intervient en traduction à l'évolution socio-politique du peuple syrien dans ses aspirations aux réformes. Expression manifestée dès le début des évènements en Syrie, soit en mars dernier, qui au fil du temps s'est vu rapidement être une question inscrite sur deux voies distinctes. Celle marquant au début de la contestation une certaine rigidité dans le traitement des revendications et le refus d'un dialogue politique inter-syrien de certains courants dans l'opposition syrienne, principalement celui des islamistes exigeant «le départ du régime syrien». Une situation qui a vite fait réagir les capitales occidentales, Washington, Londres et Paris qui par leur déclarations acculant Damas ont apporté une donne significative sur la scène syrienne. Il s'agit de la prise de conscience du peuple de Syrie de son rôle à jouer et à assumer par la lecture des déclarations des occidentaux en direction de la crise syrienne. Saisissant les réels objectifs géostratégiques et géo-politiques escomptés par les capitales occidentales via leur traitement de la crise syrienne, la majorité des Syriens ont opté pour la voie des réformes politiques. Un choix qui au fil du cours de l'évolution de la crise dans le pays sur le plan interne et internationale, la Syrie a été appelée à traduire une approche politique en réponse à la situation des actes de violences et d'insécurité et au même moment mener les réformes. Et c'est dans cette phase historique et douloureuse que vit le pays que le projet des nouveaux textes de la Constitution syrienne a été rédigé. Des juristes, des avocats, des professeurs, des experts, des acteurs politiques dont ceux représentant l'opposition syrienne de l'intérieur ont été les membres de la commission de l'écriture des textes de la Constitution. Plus de 14 millions de Syriennes et Syriens ont été appelés, hier à s'exprimer sur ces textes par voie d'un scrutin référendaire. Il s'agit d'articles portant sur l'ensemble des rapports devant régir les rapports de la société syrienne, sur le plan politique, économique, social et culturel. L'article 88 stipule que le président ne peut être élu que pour deux septennats et l'article 155 indique que ces dispositions s'appliqueront à partir de la prochaine présidentielle, prévue en 2014. Par ailleurs, sur le plan des choix économiques, la nouvelle Constitution précise que le développement est lié à la justice sociale et les richesses du pays doivent profiter à l'ensemble des Syriens. La première clause du projet de Constitution stipule, il y a lieu de le noter que «la République arabe syrienne est un Etat démocratique entièrement souverain et indivisible» et de préciser qu' «il est illicite de renoncer à une quelconque partie du territoire et que le peuple en Syrie fait partie de la nation arabe» est-il mentionné. L'autre texte fait état que «le régime est démocratique, la souveraineté confiée au peuple, et basée sur la gouvernance du peuple par le peuple». Par ailleurs, le nouveau texte constitutionnel interdit toute formation de partis politique à base religieuse, ethnique ou culturelle. Article qui toute en consacrant la protection de l'unité du peuple syrien, il protège sa diversité de toute exploitation politico-politicienne au risque de mettre en péril l'avenir des Syriens. Ceci étant, la tenue hier, du référendum sur la nouvelle Constitution syrienne annoncée avant la décision d'acteurs étrangers de tenir la conférence de Tunis sur la Syrie, marque le début d'une nouvelle étape dans le traitement de la crise syrienne. Sur le plan interne, le peuple syrien sera appelé à moins de 90 jours à élire sa nouvelle Assemblée nationale. Les partis de l'opposition interne dans leur majorité et le parti Bâath se lanceront dans une bataille politique pour être élus aux sièges de députation. Ce qui sera une première dans le pays. Sur le plan extérieur, la nomination de l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Anna au titre d'émissaire conjointement de l'institution onusienne et de la Ligue Arabe sera–t-il en mesure d'assurer une neutralité dans son rôle de médiateur entre Damas et la communauté internationale ? Toute la question est là. D'autant plus que des acteurs de la scène arabe, notamment le Qatar et des acteurs étrangers, Washington, Paris, ou la Turquie continuent à traiter la crise syrienne sur fond des mutations en cours dans les rapports internationaux . Ce qui a été illustré par le double veto sino-russe au Conseil de sécurité aboutissant à la non-adoption d'une résolution sur la Syrie. Notons que le quotidien américain The Washnigton Post , a indiqué à ce propos dans son édition à la veille de la tenue du dit scrutin référendaire en Syrie que Bachar El Assad «continue à bénéficier du soutien d'une large partie du peuple syrien».