ALGER - Le président syrien Bachar Al-Assad a fixé au 26 février la date du référendum sur le projet d'une nouvelle Constitution, basée sur le pluralisme politique pour mettre fin à la crise en Syrie, alors que l'ONU doit se prononcer jeudi sur un projet de résolution sur la situation dans ce pays. Le président Al-Assad a promulgué un décret fixant la date du dimanche 26 février pour un référendum sur un projet de Constitution pour la Syrie basé sur le pluralisme politique, a annoncé mercredi l'agence de presse officielle Sana. La commission chargée d'élaborer le texte a prévu notamment de limiter le mandat présidentiel à deux septennats, a écrit le quotidien al-Watan proche du pouvoir, sans pour autant préciser si cette réforme s'appliquera à M. Al-Assad dont le second mandat s'achève en 2014. Dans ce projet de nouvelle Constitution, la clause sur la primauté du parti Baâth au pouvoir disparaît, ouvrant ainsi la voie aux nouveaux partis qui pourront participer à la vie politique dans le pays, selon le texte rendu public mercredi par ses médias officiels. Adoptée par le Parlement le 31 janvier 1973, l'actuelle Constitution syrienne stipule, selon l'article 8, que le parti Baâth est "le dirigeant de l'Etat et de la société". La nouvelle constitution est censée faire sortir le pays de la violence qui a fait des milliers de morts entre civils et militaires, depuis près d'une année, selon des estimations de l'ONU. Damas attribue ces violences à des groupes armés soutenus par des pays étrangers, cherchant à déstabiliser le pays. Mais les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation sur le terrain, ont rejeté le référendum sur le projet de constitution. "Nous ne participerons pas aux prochaines élections", a déclaré à des médias le coordinateur général des Comités, Hassan Abd Al-Adhim, soulignant que la priorité est de "mettre fin à la violence et à la tuerie et la libération des prisonniers". "Nous ne sommes pas en train de débattre des articles de la Constitution, nous devons mettre fin à la crise et mettre en place une atmosphère idoine pour l'organisation d'un tel référendum", a-t-il ajouté. L'annonce de la date de l'organisation du référendum constitutionnel intervient alors que l'Assemblée générale des Nations unies se prononcera jeudi après-midi sur un projet de résolution sur la situation en Syrie, proposé par l'Arabie Saoudite et le Qatar, quelques jours après le blocage d'un texte au Conseil de sécurité. "Nous verrons si ce nouveau texte recueille plus ou moins que les 133 voix (sur 193 pays membres) recueillies par la première résolution" adoptée le 19 décembre 2011 par l'Assemblée (...)", a affirmé un diplomate. Lundi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a estimé que les forces syriennes avaient commis des crimes contre l'humanité dans leur répression de la révolte populaire. Le ministère syrien des Affaires étrangères a rejeté "catégoriquement les nouvelles allégations" lancées par l'ONU contre Damas, estimant que le Haut-commissariat de l'ONU "est manipulé par certains pays qui veulent nuire à la Syrie et qui ignorent les crimes terroristes commis par les groupes armés". Face à la poursuite de violences et la détérioration de la situation humanitaire en Syrie, l'Organisation de coopération islamique (OCI) a exprimé sa "grande préoccupation". Dans un communiqué, le secrétaire général de l'OCI, Ikmaleddine Ihssanoglu a demandé à son organisation de "préparer un programme humanitaire urgent" pour faire face à cette crise humanitaire en Syrie. Il a même appelé les pays membres de l'OCI et les institutions financières et humanitaires à "apporter toute sorte d'aide au peuple syrien confronté à une crise aigüe". Alliée de la Syrie, la Russie par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov s'est quant à elle, félicitée du projet de nouvelle Constitution en Syrie, qualifiant cette décision d'"un pas en avant" pour mettre fin aux violences qui secouent le pays. "Cette idée (la nouvelle Constitution) est la bienvenue et nous espérons que la Constitution sera adoptée", a déclaré M. Lavrov lors d'une visite à Wassenaar, au nord de La Haye (ouest). "Nous pensons très certainement qu'une nouvelle Constitution qui va mettre un terme à la domination d'un seul parti en Syrie est un pas en avant", a ajouté le chef de la diplomatie russe. Selon lui, la situation en Syrie s'empire davantage en raison du refus de l'opposition de dialoguer avec le gouvernement. Lavrov a estimé d'autre part qu'"il n'est pas possible d'envoyer une force conjointe en Syrie sans l'aval du pays d'accueil". Il a exhorté les observateurs de la Ligue arabe à poursuivre leur mission en Syrie, estimant que la "crise dans ce pays ne peut se résoudre sans l'implication de la communauté internationale", d'après le site Internet du ministère russe des Affaires étrangères.