Les pays occidentaux et la Ligue arabe d'un côté parlent de cessation de la violence et exigent du président syrien l'acceptation du plan de paix élaboré par la Ligue arabe. De l'autre côté, le président syrien ne reconnaît pas que la violence lui soit imputée. Les acteurs de part et d'autre ne convergent pas sur l'origine de la violence. Comment s'entendraient-ils s'ils divergent sur l'origine de la violence ? Problématique nouvelle. Comment résoudre la contradiction entre la souveraineté des Etats, définie dans la charte des Nations unies comme traduisant l'interdiction d'ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat, et l'obligation de faire respecter la souveraineté des peuples qui ont droit à la protection ? Il s'agit en quelque sorte de légitimer le droit d'ingérence dans un but humanitaire, pour porter assistance à un peuple qui en demande, c'est-à-dire à un peuple qui appelle à l'intervention militaire des grandes puissances. Tout est faussé dans le cas de l'intervention militaire de la coalition montée par les Etats-Unis contre l'Irak en mars 2003. Ce n'était pas la protection des populations qui avait été invoquée pour lancer contre l'Irak les forces armées occidentales, mais la supposée existence d'armes de destruction massive. Un mensonge d'Etat demeurant impuni en raison des rapports de force. Si en Libye, c'était BHL qui avait gagné la guerre, lui-même qui a été à l'origine du renversement suivi d'assassinat de Khadafi, en Syrie, c'est l'administration américaine surtout qui ne veut pas d'une solution politique qui laisse Bachar El-Assad au pouvoir. La contradiction entre les deux souverainetés est suivie en Syrie d'un dialogue de sourds. Pour l'ensemble des pays occidentaux, les troupes syriennes sont en train de massacrer les populations syriennes, pour le régime syrien, il s'agit de tout un autre discours, à savoir que les soulèvements des populations sont commandités de l'extérieur et qu'il a le devoir de gagner chaque bataille pour sauvegarder la souveraineté syrienne.