Le journaliste britannique Jonathan Steele (en médaillon) met à nu ce que certains Etats arabes s'efforcent de cacher sur ce qui se passe en Syrie Pour Damas, les décisions de la Ligue arabe ne sont qu'un prélude organisé par certains pays, surtout le Qatar, pour entraîner une ingérence étrangère en Syrie. Etant hors du plan de l'action arabe, la Syrie a catégoriquement refusé toutes les décisions prises par la Ligue arabe, après l'exposé du rapport des observateurs dans lequel il a été clairement souligné l'existence de groupes armés mobilisés, non seulement contre les forces de sécurité syriennes mais aussi contre la population. Pour Damas, les décisions de la Ligue arabe ne sont qu'un prélude organisé par certains pays, surtout le Qatar, pour entraîner une ingérence étrangère en Syrie et une incitation par certaines parties de l'opposition qui activent à l'extérieur du pays et qui refuse un règlement politique et pacifique de la crise en annulant toute perspective de tenir un dialogue pour y mettre fin. En un mot, Damas considère les décisions de la Ligue arabe comme une «ingérence flagrante» dans les affaires intérieures du pays et un écart délibéré de la volonté de la majorité du peuple syrien, notamment quand il s'agit des appels au départ du président Bachar Al Assad. C'est ce que vient d'ailleurs d'expliquer une plume reconnue dans le monde, Jonathan Steele, travaillant dans un organe de presse prestigieux, The Guardian de Londres. Le journaliste s'est interrogé sur la popularité d'Assad, les observateurs de la Ligue arabe et l'implication militaire des Etats-Unis: «Tout est distordu par la propagande de guerre occidentale», écrit Jonathan Steele qui ajoute: «Supposez qu'une enquête d'opinion digne de confiance constate que la plupart des Syriens sont en faveur du maintien au pouvoir de Bachar Al Assad. Ne serait-ce pas une information majeure?» Pour Jonathan Steele, les Arabes ailleurs qu'en Syrie pensent que le président devrait démissionner alors que les attitudes à l'intérieur du pays sont différentes, affirmant que plus de 55% des Syriens veulent qu'Assad reste. Quand le journaliste britannique parle des Arabes d'ailleurs, il fait directement allusion au Qatar en indiquant dans son article: «Quand la couverture d'un drame en cours cesse d'être juste et se transforme en arme de propagande, les faits gênants doivent être occultés.» Il en a été ainsi pour les résultats d'un récent sondage YouGov Siraj sur la Syrie commandé par The Doha Debates, financé par la Qatar Foundation. La famille royale du Qatar a adopté une des lignes les plus dures contre Assad - l'émir vient juste d'appeler à une intervention de troupes arabes - ce fut donc une bonne chose que Doha Debates ait publié le sondage sur son site Web. Ce qui est dommage, c'est qu'il a été ignoré par presque tous les organes de presse de chaque pays occidental dont le gouvernement a appelé Assad à s'en aller», relève M.Steele. En fait ces Arabes d'ailleurs dont le Qatar, sont des «détracteurs» comme les a qualifiés le journaliste britannique, semblaient craindre les résultats des observateurs arabes en mission en Syrie de voir que le rapport, soutient le journaliste, «rapporte que la violence armée n'est plus l'apanage des forces du régime, et que l'image de manifestants pacifiques brutalement réprimés par l'armée et la police est fausse». C'est effectivement le cas. Ce qui a provoqué le retrait par l'Arabie Saoudite de ses observateurs prétextant ne pas composer avec la violence du régime syrien. C'est dire tout simplement que le rapport des observateurs n'a pas été pris en considération et n'a pas été du goût des ennemis du président syrien. L'Algérie qui avait de son côté envoyé des observateurs, a admis, par le biais du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, la présence de groupes armés qui s'attaquent aux forces de sécurité et aux citoyens syriens, l'Algérie ne mettra certainement pas en doute ce qui a été rapporté par ses observateurs et à chaque occasion a exprimé son refus, comme ce fut pour la Libye à une intervention militaire arabe ou étrangère en Syrie, qualifiant cet acte de grave dérapage. A ce propos, Jonathan Steele écrit plus loin: «L'intervention militaire étrangère a déjà commencé. Elle ne suit pas le modèle libyen car la Russie et la Chine sont furieuses d'avoir été bernées par l'Occident au Conseil de sécurité l'an dernier. Elles n'accepteront pas une résolution de l'ONU qui permettrait un quelconque recours à la force». Le journaliste s'est également interrogé sur le fait qu'aucun organe de presse occidental ou d'ailleurs arabe n'ait rendu compte d'un article de Philip Giradi, un ancien officier de la CIA qui affirme que «la Turquie, un pays membre de l'OTAN, est devenue l'agent exécutant de Washington et que des avions militaires de l'OTAN dont les marques d'identification ont été retirées se sont posés à Iskenderun près de la frontière syrienne pour débarquer des volontaires libyens et des armes saisies dans l'arsenal de feu Mouammar El Gueddafi.» Dans ces propos, le journaliste reprend ce qui a été souligné par Philip Giradi. «Des formateurs appartenant aux forces spéciales françaises et britanniques sont sur place, écrit-il, «prêtant assistance aux rebelles tandis que la CIA et les Spécial Ops US fournissent du matériel de télécommunications et des informations pour aider la cause rebelle, rendant les combattants capables d'éviter les concentrations de troupes syriennes...» Néanmoins, la Ligue arabe a été très neutre dans ses constatations, rapportant les faits réels sur le terrain en soutenant les violences exercées par des forces d'opposition en vue d'attentats kamikazes, de destructions massives des édifices étatiques et même privés, d'assassinats quotidiens... Ce scénario est de fait déjà mis en action avec les attentats, notamment contre les services de renseignements, comme si le pouvoir de Damas devenu parano, s'attaque à ses propres services qui protègent le régime. Ce que personne ne veut reconnaître, la Russie le clame bien haut: la Syrie fait face à «un terrorisme» que l'on admet dans nombre de pays mais pas en Syrie.