La crise qui prévaut actuellement en Syrie a été examinée, hier, au siège du Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS) de Ben Aknoun sous les angles de la “vérité et (de la) souveraineté”. Dans son intervention, Benamar Bendjena, colonel en retraite et analyste à la Radio nationale, est revenu sur le passé récent de la Syrie, un pays connu pour sa “stabilité” dans la région, mais un pays géré néanmoins d'une main de fer par Bachar Al-Assad qui, comme tous les dirigeants arabes, brille par son autoritarisme et l'asservissement de toute opposition à son régime. Pourtant, a-t-il observé, le président Al-Assad, ayant succédé à son père le 17 juillet 2000, se présentait comme l'homme qui apporterait le “changement”, annonçant dès son intronisation des réformes et promettant la liberté d'expression et de penser, de même que l'ouverture économique. M. Bendjena a, en outre, rappelé que la vague de protestations populaires dans le monde arabe a touché la Syrie, depuis le début de l'année en cours. Selon lui, il existe “des similitudes” entre ce pays et la Libye, notamment dans le registre “des manifestations pacifiques réprimées durement par le régime et de l'apparition des groupes armés”. Seulement, a indiqué l'analyste, la crise que traverse la Syrie, depuis mars 2011, a fait l'objet d'une amplification des événements, voire de “mensonges”, de la part des médias arabes et occidentaux, citant, entre autres, les chaînes TV France 24 et Al-Jazeera. “Affaiblir la Syrie cela revient à affaiblir l'Iran”, a-t-il averti. Sur un autre plan, le colonel en retraite a rafraîchi les mémoires sur la position syrienne vis-à-vis de la Palestine, surtout par rapport aux réfugiés palestiniens, sans omettre de rappeler l'objectif de récupération, par la Syrie, du territoire du Golan, qui est occupé par Israël depuis 1967. Plus loin, il s'est félicité du “beau rôle” joué pour une fois par la Ligue arabe dans le dossier syrien, estimant que cet élément, ainsi que “les positions fortes de la Russie et de la Chine au sein de l'ONU” ont permis d'écarter le scénario libyen pour la Syrie. De son côté, Saïda Benhabylès, ancienne ministre de la Solidarité et présidente de l'Association de la femme rurale, de retour d'une mission d'information et d'évaluation de la situation en Libye et en Syrie, qui a été menée par le Centre international de recherche et d'étude sur le terrorisme (Ciret), établi en France, a tenu à apporter son témoignage sur les événements en Syrie. D'emblée, Mme Benhabylès a expliqué que son témoignage “est loin d'être un soutien au régime syrien”, encore moins “un plaidoyer” pour justifier la répression qu'il exerce sur la population. Elle a également laissé entendre que son déplacement en Libye et en Syrie visait à apporter une nouvelle version des faits, pour contrer “la thèse d'une seule partie” destinée à “formater les esprits”, à couvrir les partisans d'une “ingérence étrangère” et à légitimer les “opérations de désinformation” et les “opérations militaires”. “La guerre médiatique a constitué un support dans les agressions contre la Bosnie, l'Afghanistan, l'Irak, la Libye et maintenant contre la Syrie”, a-t-elle souligné, non sans remarquer que “ces opérations militaires n'ont pas été faites dans l'intérêt des peuples”. Par ailleurs, la membre du Ciret a révélé que ses rencontres avec les principaux acteurs politiques et représentants de la société civile confortent l'idée de l'existence d'une “manipulation médiatique en Syrie” et d'implication de pays intéressés par “la nécessité du droit d'ingérence”, à l'exemple des USA, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Turquie et du Qatar. De plus, elles mettent en évidence, dira-t-elle, “la marginalisation” de l'opposition syrienne interne par les médias occidentaux et arabes. Hafida Ameyar