Une grande manifestation aura lieu aujourd'hui sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis à l'appel des démocrates tunisiens. Cette journée du 20 mars coincide en outre avec la fête de l'indépendance tunisienne. Les initiateurs qui entendent faire de cette «journée symbolique» une tribune pour défendre la démocratie et barrer la route à l'adoption de la charia comme base unique de la Constitution en cours de rédaction. Les démocrates veulent ainsi montré au camp adverse leurs capacités de mobilisation. On apprend d'une source proche des organisateurs qu'il s'agit en réalité d'une «contre-manifestation» au cours de laquelle des milliers de démocrates et de progressistes vont «appeler à un Etat de droit, un Etat civil et démocratique dans l'acceptation universelle de ces concepts». Cette démonstration répond donc à manif organisée vendredi dernier par des islamistes devant l'Assemblée constituante au Bardo durant laquelle ils ont revendiqué l'adoption de la charia comme principale source pour la rédaction de la nouvelle Constitution tunisienne. Les groupes salafistes soutenus par les éléments d'Ennahdha (parti au pouvoir) avaient exigé l'adoption de la charia, l'avènement du califat et «le respect à la lettre de la loi divine». Il faut savoir que dans un document versé par Ennahdha à la commission de rédaction de la nouvelle Constitution, le parti islamiste préconise, en effet, de revenir aux «principes de l'islam». Pourtant le 4 novembre dernier à l'annonce des résultats donnant vainqueur son parti, le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, rassurant, excluait toute idée d'instaurer un Etat théocratique en Tunisie. Par ailleurs, ces nouveaux développements interviennent au moment où des violations des symboles de l'Etat tunisien se multiplient. «Ces actes visent à créer des dissensions et à diviser et opposer le peuple sur des questions résolues d'avance comme l'identité, la sacralité du drapeau national et le caractère intouchable des symboles du sacré» se contente d'affirmer le président provisoire, Moncef Marzouki qui s'est fendu, pour sa part, vendredi soir d'un communiqué qui est loin d'atténuer la consternation et les inquiétudes des Tunisiens. Enfin, le gouvernement islamiste de Hamadi jebali continue, lui, à faire la sourde oreille devant les appels répétés des Tunisiens afin d'arrêter et de faire juger les auteurs des actes qui tendent à semer la discorde et à diviser la société tunisienne.