Après la Libye, voilà la «révolution» qui prend la direction de Bamako. Certaines voix invétérées dans les entreprises séditieuses, vont comme d'habitude étaler leur rhétorique humanitaire et attribuer ces événements à une quelconque logique du «printemps arabe». «Le ras-le-bol des populations, le droit à plus de liberté et de démocratie», et un tas d'autres ragots seraient à l'origine de ces soulèvements, va-t-on entendre çà et là. Comble du hasard, le Mali est limitrophe de la Libye, et la «révolution» libyenne semble glisser vers le nord du Mali pour constituer un second Benghazi. Des Touaregs qui, après une hibernation centenaire, se réveillent subitement pour s'apercevoir qu'ils doivent arracher leur indépendance. Sans doute réveillés par les stridents cris de joie venus du Sud-Soudan, de Tripoli après l'assassinat de Kadhafi, ou encore par les murmures d'Alain Peyrefitte (mort en 1999), lui qui rêvassait de voir naître un Etat touareg chevauchant l'Algérie, la Libye, le Niger, le Mali, et une petite parcelle du Burkina Faso. Dans ces rêveries de basse intensité, à partir du principe «diviser pour régner», faudrait notamment souligner le rôle de la France prédatrice et nostalgique d'un ordre colonial qui, force est de le constater, se chronicise pour devenir un complexe, comme si la vie n'était faite que de prédation. «La France a joué un double rôle, d'une part, en se réjouissant d'emblée de la déchéance du mauvais élève (ATT), considéré comme « trop laxiste » envers les rebelles touaregs, si l'on tient compte des otages français aux mains d'Aqmi, et d'autre part, la défiance vis-à-vis des putschistes», me confie un analyste politique. Ces propos sont à comparer avec ceux tenus par Juppé, on ne peut que s'en convaincre de cette duplicité de la diplomatie française. «Pour nous, comme pour les Américains, il n'est pas question de déployer des troupes au sol. Nous n'avons rien à y faire. En revanche, nous sommes prêts à apporter un soutien logistique à la CEDEAO», avait déclaré ce dernier. Quel «altruisme» ! On y aurait cru n'était le rôle dévastateur de la France en Libye et ses tentatives en Syrie. Au fait, quel est ce soutien logistique que Juppé est prêt à apporter à cette CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ) ? Pour rappel, cette CEDEAO s'est illustrée récemment par ses sanctions vis-à-vis d'un pays qui souffrait déjà : la suspension du Mali de toutes les instances de la CEDEAO, le gel de ses avoirs à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et le non-approvisionnement de ses banques nationales, la suspension des programmes d'aide au développement, etc. A souligner fermement que ces sanctions ont été prises après que le capitaine Amadou Haya Sanogo eut accepté le retour à l'ordre constitutionnel, et ce, à l'issue d'une rencontre, à Ouagadougou (Burkina Faso), qui a regroupé une délégation du CNRDRE avec le Président du Burkina Faso, le médiateur. Etrangement, on assiste à la même situation qu'en Libye après la pression de la France sur le CNT de ne pas reconnaître la médiation de l'Union africaine. Etrangement, également, cette partie du nord du Mali, à l'image de Benghazi, renferme beaucoup de ressources convoitées par les prédateurs. Un peu d'ingéniosité quand même !