Alors que le Groupe envisage de développer ses activités en créant la Division ArcelorMittal-Maghreb, c'est une autre crise qui surgit. Elle a totalement paralysé les activités du complexe sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar (Annaba). Cette crise a pour auteur une vingtaine de salariés d'une société sous traitante activant dans l'enceinte de l'usine. Pour imposer leur seule revendication de réintégration dans les effectifs de la société, ces salariés issus d'un groupe de 300 autres, ont pris possession de la voie ferrée le 2 avril dernier. Depuis, ils interdisent l'accès du train chargé d'approvisionner en fonte liquide les 2 aciéries à partir du Haut Fourneau. «Une poignée de salariés sans relation avec nos effectifs paralysent la totalité des activités du complexe sidérurgique El Hadjar. Nous attendrons jusqu'à dimanche, date prévue pour le verdict devant ponctuer notre plainte déposée en référé auprès du tribunal correctionnel d'El Hadjar. Nous aviserons de la procédure à entamer pour défendre nos droits». Cette déclaration d'un cadre dirigeant représentatif à Annaba du groupe leader mondial de l'acier est synonyme d'un véritable ras-le-bol. Analysés, les termes utilisés impliquent des doutes sur les réels desseins que cachent ces contraintes récurrentes imposées à la société pour paralyser la production. Dans ces propos, le même cadre a laissé entendre que le laxisme des pouvoirs publics à intervenir rapidement pour mettre un terme à cette situation dénote une préméditation. Ces doutes s'expliquent par l'occupation de la voie ferrée du complexe sans que cela n'entraîne une quelconque réaction, malgré les correspondances et les démarches entreprises. Conséquence, huit jours après cette occupation, les installations de production du complexe sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar (Annaba) sont à l'arrêt. Pas une seule coulée n'a été produite. Ce faisant, la production qui depuis le début de l'année avait pris une courbe ascendante a brusquement chuté. Depuis le 2 avril, elle atteint le point zéro avec des risques certains de détérioration des équipements. Ce qui donne un sérieux coup d'arrêt à l'élan enregistré au lendemain de l'accord de la Banque extérieure d'Algérie. Cet accord prévoit d'octroyer à ArcelorMittal Annaba le financement nécessaire à la mise en route de la 1ere étape de son plan de développement. Globalement ce dernier a été évalué à 500 millions d'euros et doit être réalisé en 2 tranches. Mercredi dernier, une communication téléphonique censée avoir pour auteur un des 25 salariés réfractaires, signalait une tentative d'immolation par le feu de l'un d'entre eux. «Nous avons réussi à le sauver d'une mort certaine en intervenant rapidement pour éteindre le feu. Ce qui ne l'a pas empêché d'être brûlé à l'avant bras», a attesté notre interlocuteur au téléphone, ce que dément la direction générale. En effet par la voix de son directeur, elle a affirmé n'avoir enregistré aucune tentative et que cette information est dénuée de tout fondement. Le même démenti est exprimé par les syndicalistes. Cette situation ajoute un plus aux nombreuses interrogations sur les véritables meneurs de cette opération de blocage de la production au complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Elle est intervenue quelques heures avant que Vincent Le Gouïc, nommé directeur général ArcelorMittal- Maghreb n'annonce la volonté du groupe au Luxembourg d'investir durablement en Algérie. Entre-temps, l'arrêt des installations de production a pour conséquence un préjudice financier évalué à 1 million dollars/jour. Les 5 700 travailleurs sont également pénalisés en termes de primes diverses. Une plainte en référé pour occupation illégale d'un lieu de travail et obstruction a été déposée par la direction générale ArcelorMittal au tribunal correctionnel d'El-Hadjar.. Ce qui ne semble pas dissuader la vingtaine de salariés à cesser leur mouvement. Au contraire, donnant l'impression d'agir en terrain conquis, ils interdisaient hier encore en début d'après midi tout approvisionnement par voie ferrée des deux aciéries en fonte liquide. Pourtant, ce dossier de réintégration avait été déjà pris en charge début janvier 2011 à l'initiative de Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise et Vincent Le Gouïc, le directeur général ArcelorMittal-Annaba. Ce qui avait permis d'étudier les possibilités de réintégration de plus de 1 000 cas «sous traitants». Il avait été convenu de procéder à l'intégration en trois étapes (janvier 2011, juillet 2011, janvier 2012) de 690 d'entre eux. Ce qui a été réalisé. Comme il était prévu de faire signer une charte imposant à l'employeur sous-traitant d'assurer la pérennité de plus de 300 emplois, d'améliorer la situation salariale et les conditions de travail. Cette démarche mise en application était un préalable à la réintégration à réaliser au fur et à mesure des opérations de recrutement. «Notre direction générale s'est engagée à donner la priorité de recrutement à ces 300 salariés au cas où les besoins l'exigeraient, a précisé le porte-parole de la direction générale au complexe sidérurgique El-Hadjar. Pour l'heure, toute la chaîne de production du Haut Fourneau n°2 jusqu'aux trois aciéries en passant par les laminoirs et la Tuberie sont à l'arrêt. Ce n'est que vers 15h00 que le verdict prononcé par le président du tribunal correctionnel El- Hadjar a été rendu public. Il ordonne l'évacuation immédiate de la voie ferrée ou tout autre lieu occupé par les contestataires. Un exemplaire de la décision de justice écrite sera remis par le biais d'un huissier à chacun des indus occupants. «En cas de refus, il est certain que la justice fera appel à l'usage de la force publique pour les déloger», a affirmé un des cadres dirigeants à la direction générale ArcelorMittal-Annaba.