La direction de la santé de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, en collaboration avec la Société arabe d'oncologie pédiatrique, a organisé les 4, 5 et 6 du mois en cours, à l'université Bachir-Ibrahimi un congrès international d'oncologie. S'inscrivant dans le cadre du renforcement de la coopération en matière de santé entre les acteurs dans le domaine, des sommités des différents CHU du pays, mais aussi de France et des Etats-Unis d'Amérique ont été invitées pour la rencontre qui a constitué un rendez-vous mondial de lutte contre le cancer. Les interventions et les débats de la rencontre ont porté sur plusieurs sujets dont les cancers du sein et du poumon. Sur le premier sujet, le Français Bernard Duperray s'est intéressé à la mammographie avec un rappel historique, les résultats de l'examen et des indications de cette méthode de dépistage. Dans son intervention, l'orateur a lancé un pavé dans la mare quand il a déclaré qu'elle est devenue dangereuse pour les femmes, surtout si elles sont atteintes de cancer à cause des radiations émises durant sa réalisation. Le professeur Ahmed Bendib, originaire de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, qui a apporté beaucoup pour le traitement des malades, la formation des spécialistes et la recherche dans la cancérologie en Algérie, a soutenu la thèse de son confrère français Bernard Dupperay en citant les arguments qui militent pour l'abandon systématique du dépistage du cancer du sein par son intervention sous le titre de «Le dépistage du cancer du sein : les arguments contre». Le professeur Bernart Jugnod a axé son intervention sur l'apport de l'épidémiologie sur le cancer du sein et son dépistage, l'usage de l'épidémiologie pour les recommandations de santé publique et les leçons à tirer de la pratique des soins, d'enseignement, de recherche et d'expertise. Un autre exposé sur le risque héréditaire dans le cancer du sein a été présenté par le professeur Bignon Yves-Jean, responsable de l'unité d'oncogénétique au centre Jean-Perrin de Clermont-Ferrand. L'Américaine Nancy Urharmer a présenté, elle, les dernières avancées du laboratoire en matière de test génétique de biologie. Le Dr Benachenhou Nabil, sénologue au CPMC de l'hôpital Mustapha à Alger, a parlé de la conduite à tenir devant un écoulement mamelonnaire. Ses collègues Guendouz Hamida et Aït Oukaci Brahim ont apporté des éclairages sur la microbiopsie en tant que pilier du diagnostic dans le cancer du sein. Quant au docteur Benzidane Mourad, il a expliqué la conduite à tenir devant un nodule du sein. Le docteur Oucherif Nora, sénologue également au CPMC d'Alger, a donné, quant à elle, le bilan d'une année de cancer du sein opéré dans le centre. Meziane Yamina a soulevé un autre aspect, à savoir comment conserver un sein et comment le reconstruire. Les docteurs Guedouari Wahiba et Boubendir N., spécialistes en imagerie médicale, sont intervenus en donnant leur point de vue sur les aspects post-thérapeutiques du cancer du sein traité. La radiothérapie dans le cancer du sein a été soulevée par le Dr Afiane Mhamed du CPMC. Pour ce qui est de la chirurgie du sein, le professeur Allouache Abdelkrim (Paris), un des expert mondiaux dans le domaine, a mis l'accent sur la nécessité d'enrichir le plan national de lutte contre le cancer. «Avec cet outil tout peut avancer», a-t-il indiqué. Le deuxième sujet, à savoir le cancer du poumon, a vu l'intervention de sept conférenciers. Le premier sur les aspects chirurgicaux du cancer pulmonaire à petites cellules a été présenté par un collectif du CHU d'Oran. Le Dr Boudaoud Khadija du CHU de Constantine est revenue sur l'apport de l'imagerie dans la stratégie thérapeutique des cancers broncho-pulmonaires primitifs. Un autre collectif du CHU d'Oran a insisté sur la chimiothérapie des cancers bronchiques et la gestion des effets secondaires. A la fin des travaux, les participants, qui ont reconnu le succès de la rencontre, ont eu droit à la présentation du plan national de lutte contre le cancer. Ce plan, qui prend en compte les dernières recommandations dans la lutte contre la maladie, préconise la mobilisation des moyens nécessaires pour la prise en charge des malades algériens. Selon le professeur Allouache de Paris, ce plan, que le ministre a annoncé, mérite une réflexion pour lever les contraintes dans le traitement des malades. Si ces contraintes ne sont pas prises en charge d'ici à 2020 on aura des difficultés pour résoudre les problèmes qui se posent. «Il est très important de remettre à niveau les structures et aller plus vite dans l'exécution du plan», a-t-il déclaré. «Nous avons besoin de l'implication de la société civile qui n'est pas présente actuellement», a-t-il ajouté. Il convient de signaler que la direction de la santé de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, qui a réuni les conditions pour son déroulement, a visé la formation continue de ses praticiens ainsi que le développement de la recherche médicale dans ce domaine.