Les intervenants aux premières assises du sport organisées dernièrement par l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou en vue de débattre de la situation du secteur de la jeunesse et des sports, à l'échelle locale, étaient unanimes à relever le manque criant d'infrastructures, de matériel et de finances. Le secteur accuse, pour ainsi dire, un énorme retard qui a négativement influé sur le développement de la pratique sportive à tous les niveaux, scolaire et universitaire notamment. Tous ont déploré le désengagement de l'Etat dans la prise en charge de la pratique sportive, à l'origine, selon ces mêmes intervenants, de la marginalisation des athlètes surtout, souvent, obligés d'aller chercher ailleurs un minimum de moyens pour pratiquer son sport favori et s'affirmer. Le même constat a été établi par le premier magistrat de la wilaya, Abdelkader Bouazghi, wali de Tizi Ouzou, qui, dans son intervention, a relevé les carences et le retard observés dans le secteur de la jeunesse et des sports. «Sur les 90 opérations inscrites à l'indicatif de la wilaya pour un montant global de 27 milliards de DA, près de 20% seulement des projets ont été réalisés», a-t-il dit, surpris à l'idée que la wilaya de Tizi Ouzou ne compte qu'une seule piscine olympique, une seule piste d'athlétisme réglementaire et une dizaine de stades homologués. «Pis encore, rares sont les établissements scolaires qui disposent d'un espace dédié à la pratique sportive». Certaines opérations inscrites à l'indicatif de la wilaya datent de 1989, a-t-il déploré rappelant que la pratique sportive ne peut se développer sans l'infrastructure et les moyens financiers. Ces assises du sport, les premières du genre à l'échelle de la wilaya, devront nous permettre, a-t-il poursuivi, d'établir un constat et un diagnostic de la situation du secteur à l'échelle de la wilaya où activent quelques 411 associations et 24 ligues sportives qui évoluent, pour la plupart, dans des conditions précaires. Mahfoud Belabès, le P/APW de Tizi Ouzou, a, pour sa part, invité les participants à engager de profondes réflexions autour de ce thème scindé en trois volets, l'infrastructure, les finances et le développement du sport, à même de répondre aux préoccupations et aux attentes de la population en général. «L'objectif est de faire le point sur la politique sportive régionale et tracer les perspectives pour les années à venir», a-t-il dit. Convaincu que ces assises constitueront à coup sûr, une opportunité pour assurer une continuité de ce qui se fait aujourd'hui, mais également une occasion pour se donner de nouvelles ambitions et pourquoi pas, se construire une politique sportive plus audacieuse. Trois groupes de travail ou ateliers, ouverts à cet effet, se sont penchés sur les volets financement du sport, infrastructure sportive et, développement de la pratique sportive à l'échelle locale durant ces assises tenues en présence du président du Comité olympique algérien Rachid Hanifi, de cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports dont le directeur de l'élite, du président de l'association Ouled El Houma, des anciennes gloires de l'équipe du FLN, Zouba et Maouche, et de la JSK, Iboud, Fergani, et Maghrici entre autres. «Le peu d'installations sportives existantes sont dans un état vétuste et surtout mal réparties» Les membres de l'atelier «infrastructures sportives» ont, dans leur rapport final, estimé que le patrimoine sectoriel existant reste très insuffisant pour satisfaire et répondre aux besoins d'une population juvénile importante et exigeante. «Le peu d'installations sportives dont dispose notre région se trouve, hélas, dans un état vétuste et réparti de manière inéquitable entre les différentes localités de la wilaya», relèvent-ils. En matière d'investissements, ont-ils poursuivi, la situation du secteur est caractérisée par une lenteur dans la réalisation d'infrastructures sportives, des surcoûts et des réévaluations faute d'entreprises spécialisées. Les animateurs de cet atelier, ont, en outre, fait cas des blocages administratifs, de la rareté du foncier et du relief accidenté de la région ainsi que de ce qu'ils ont qualifié de gestion aléatoire des installations. Malgré, ont-ils dit, la décision de leur (infrastructures, ndlr) rattachement à l'OPOW et à l'ODEJ. Une série de recommandations à été retenues aussi bien sur le plan réalisation, maturation et suivi des projets que sur celui relatif à la gestion desdites infrastructures sportives. La nécessité de la mise en place d'un schéma directeur en matière de réalisation desdits équipements publics à l'échelle de la wilaya, la définition du choix et du type des installations en fonction du relief et de la spécificité de la région, la contribution des collectivités locales à l'effort de réalisation des installations de proximité à travers des PCD et des plans spéciaux, la concrétisation, dans l'immédiat, du programme en cours, la mise en place d'une inter-sectorialité dans la réalisation des projets, la réhabilitation des infrastructures existantes et la réalisation de centres d'entraînement (écoles de formation), en privilégiant la proximité des ensembles éducatifs, inventorier les sites sur l'ensemble des communes susceptibles d'accueillir ce type d'équipements, et, l'équipement, en urgence, en matériel et commodités appropriées, sont entre autres recommandations retenues s'agissant des réalisations. Les mêmes animateurs de cet atelier ont également recommandé l'uniformisation et la normalisation des dimensions des terrains combinés et Matéco, la dotation en équipements appropriés et en commodités de toutes les installations, l'implication et l'association des collectivités locales bénéficiaires de projets dans la prise en charge de l'entretien desdites infrastructures, le rattachement des installations légères aux communes et l'organisation de stages de perfectionnement en matière de maintenance et de gestion. «L'Etat doit jouer un rôle prépondérant dans le financement de l'activité sportive» «L'exploitation des procès verbaux de délibérations du Fonds de wilaya des quatre dernières années, révèle que la quote-part consacrée à chaque athlète en moyenne par saison sportive est de l'ordre de 3 461 DA, tous Fonds confondus. Un montant, estiment les animateurs de l'atelier consacré au financement de l'activité sportive. Aussi, ont-ils recommandé de prioriser, en terme de financement, les disciplines et structures considérées d'utilité publique et d'intérêt général, l'instauration, à tous les niveaux, du contrat programme, le valoriser et le contrôler dans l'intégralité de ses chapitres, la recherche d'autres sources de financement notamment le sponsoring, la création par les instances législatives de l'Etat d'un Fonds national de péréquation pour une répartition plus ou moins équitable des subventions, et la prévision, en plus des sources de financement existantes, d'un budget sectoriel conséquent pour les besoins de l'activité sportive. Comme ils recommandent aux collectivités locales de ne subventionner que les clubs amateurs et la création d'un Fonds spécial pour la wilaya.