Abada à Ghardaïa, Kara à Biskra, Khaldi à Msila et Boukerzaza… En pleine campagne, deux événements viennent d'avoir lieu : Goudjil, coordinateur du mouvement des redresseurs, vient d'être remercié par ses pairs et remplacé par Abada. Il lui est reproché d'être naïf et ne pas avoir réagi convenablement contre les manigances de Belkhadem qui l'a berné. Le mouvement des redresseurs n'a présenté que quelques listes dans certaines wilayas. Sentant certainement que les listes du FLN à travers les wilayas vont réussir à arracher des sièges, même là où le parti a été donné perdant. Avoir des sièges en nombre important cela renforcerait la position de Belkhadem à la fin, car il aura gagné le défi qu'il avait relevé et sera maintenu en son poste de SG jusqu'au congrès. Cette situation ne les met pas dans une position aisée. Ils viennent alors en vieux briscards anticiper sur la situation, celle dite de «l'après 10 mai». C'est-à-dire le sursis accordé à Belkhadem. Retirer Goudjil de la position de coordinateur remettrait des engagements probables pris en secret avec Belkhadem. C'est aussi une possibilité de joindre ou de rejoindre l'autre groupe des membres du bureau politique et ceux du comité central qui ont fait circuler la motion pour la tenue d'une session extraordinaire du comité central du FLN. Actuellement le nombre de ceux qui revendiquent la tenue d'une session extraordinaire du comité central a atteint les 227 signataires. Belkhadem avait, à un certain moment relancé les enchères des signatures en leur faisant savoir qu'il leur faudrait les signatures des trois quarts des membres du comité central pour qu'il parte. La démarche actuelle des redresseurs ou authentificateurs consiste d'abord de retirer Goudjil de la course, c'est ce qui a été fait et par la suite dégager un plan de travail pour entretenir le moral des troupes pour prendre leurs bâtons de pèlerins et sillonner les régions d'Algérie en priorisant le travail auprès des anciens militants et membres du comité central, en choisissant les wilayas mécontentes de la démarche du SG du parti, allant même à prendre en considération les spécificités de certaines wilayas où les tribus sont en conflits. Cette situation poussera ces militants à tenir plusieurs assemblées ou réunions dans une même wilaya. C'est le cas aujourd'hui. Le zoning dégagé par la coordination des redresseurs qui était tenu au secret semble être respecté. Si la démarche se fait vers l'Est du pays c'est parce-que ce sont ces militants membres du comité central qui apparemment et selon des sources sûres proches de la coordination des redresseurs qui mettent du temps pour entériner la motion en circulation. Qu'est-ce qui se dit en fin de compte lors de ses rencontres ? Il y a d'abord l'appartenance au vieux parti qui les lie. Certainement les termes : nous ou vous ne sont plus usités et sont remplacés par «ensemble on redresse la situation» ou encore «ensemble on doit sauver l'Algérie» ce sont les phrases clés propres au FLN qui reviennent. Mais il y a aussi ce rapprochement de deux ailes du parti qui étaient parfois antagonistes. Au vu des anciennes revendications des redresseurs qui consistaient faire valoir le renvoi de certains membres du comité central qui aujourd'hui peuvent à leur tour contribuer et marcher dans le sens de l'exclusion ou de renvoyer celui qui les a défendus (Ndlr : Belkhadem). Dans tous les cas les dissensions ont toujours existé même avant la création du FLN au sein des 22 et c'est ce qui fait sa force.