La majorité des sièges (462) à pourvoir dans la prochaine Assemblée populaire nationale (APN) est difficile à obtenir pour les partis politiques ou candidats indépendants participant aux élections législatives du jeudi 10 mai, a indiqué hier le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia. «Le nombre de listes des partis et des indépendants en lice laisse présager un éparpillement de voix et une majorité absolue de 232 voix semble difficile à obtenir», a affirmé M. Ould Kablia dans un entretien au quotidien l'Expression. Le ministre de l'Intérieur explique que «cet éparpillement des voix peut faire aussi que de nombreuses listes qui ont moins de 5% des suffrages exprimés, ne seront pas admises à la répartition des sièges, comme le stipule la loi». Toutefois, nuance-t-il, «une grande diversité à l'Assemblée peut être aussi une richesse qui conforte une expression démocratique plurielle». Interrogé sur le risque de désaffection des électeurs au scrutin du 10 mai, M. Ould Kablia relève, «un fort taux d'abstention, c'est aussi une manière qu'ont les citoyens de s'exprimer sur le discours politique tenu par les partis, et leur niveau d'adhésion aux projets des uns et des autres.» «Une participation importante donnera effectivement, de par sa représentativité, plus de légitimité à l'Assemblée pour examiner la loi fondamentale et les amendements qui y seront apportés. Tous ceux qui sont conscients de cet enjeu par rapport à l'avenir de l'Algérie, iront voter», ajoute-t-il, rappelant que, «traditionnellement, et pas seulement en Algérie, les élections législatives sont celles qui mobilisent le moins (...)». D'autre part, M. Ould Kablia a estimé globalement positif le bilan que dresse le ministère de l'Intérieur de la campagne électorale (15 avril - 6 mai). «Globalement, l'ensemble des partis et des candidats ont été respectueux des règles établies par les lois et leurs textes d'application. II y a eu beaucoup d'engagement, d'efforts de la part de ceux qui se sont impliqués», assure-t-il. En ce qui concerne l'impact des discours électoraux sur les citoyens, le ministre soutient que «c'est un autre débat» et «qu'il revient aux électeurs d'en juger». Par ailleurs, M. Ould Kablia rejette le constat fait par certaines parties qui concluent à un désintérêt total des citoyens à l'égard du discours produit durant la campagne électorale. «Parler de désintérêt total ne reflète pas la réalité. A mon avis, il faut nuancer et analyser les activités de la campagne», soutient-il. Analysant les activités de la campagne, le ministre explique «qu'il était attendu que les nouveaux partis, malgré de gros efforts pour être présents à travers la quasi-totalité des wilayas, ne puisse pas mobiliser de grandes foules. Ils sont en train de se construire, de «recruter des militants, d'essayer de convaincre. Ce n'est pas facile.» Pour les autres partis, la campagne a fait apparaître, ajoute-t-il, des situations très diverses, influencées par plusieurs facteurs notamment «l'ancrage du parti dans la société, la crédibilité des candidats, le réalisme du discours, les représentations locales ou mêmes tribales à travers les listes et la proximité des candidats vis-à-vis du citoyen». «Tout ceci a fait que les partis ont mobilisé à des niveaux différents et pas de manière uniforme dans l'ensemble des wilayas. Mais il y a, incontestablement sur le plan de la mobilisation, ceux qui ont drainé plus que les autres (...) Maintenant, il faut attendre le résultat des élections pour voir si la mobilisation peut être comprise comme une intention de vote qui se confirme le jour des élections», lance-t-il. M. Ould Kablia confirme que plusieurs infractions à la loi ont été relevées durant la campagne électorale. «Il y a eu effectivement des infractions qui ont été relevées sur l'utilisation de véhicules ou gardes-de corps, mais qui restent marginales et elles ne sont pas le fait de l'administration territoriale. Aucun wali n'a mis à la disposition des partis au pouvoir des moyens de la wilaya (ni véhicules ou autres), et les instructions fermes qui ont été données me semblent avoir été respectées», explique-t-il. Sur un autre registre, M. Ould Kablia critique ceux qui voient dans la présence des observateurs internationaux aux législatives «un alibi pour crédibiliser davantage ces élections». «Quand on parle d'alibi, on renvoie à de la suspicion. A mon avis, la présence d'observateurs et les facilitations qui leur sont faites pour accéder à toutes les informations relatives au processus électoral sont un indicateur de la régularité de l'opération, et de la neutralité des pouvoirs publics», a-t-il dit. A propos du chef de la mission d'observation électorale de l'Union européenne qui a déclaré qu'il ne va pas donner un «chèque en blanc» aux autorités algériennes, M. Ould Kablia précise qu' «il n'est pas attendu des observateurs qu'ils donnent un chèque en blanc aux autorités». «Ce n'est pas leur rôle et chacun doit être replacé dans le sien. Le rôle des observateurs est fixé par le mémorandum qu'ils ont signé avec le ministère des Affaires étrangères qui leur confère la possibilité d'observer les élections et le respect de la stricte neutralité de tous les acteurs intervenant dans le processus», explique encore le ministre de l'Intérieur.