C'est sans aucune surprise que le peuple algérien a accueilli, vendredi, les résultats des élections législatives, donnant le FLN, largement vainqueurs avec 220 sièges, suivi du parti de Ouyahia, avec 68 sièges, alors que les islamistes, qui se préparaient à former leur gouvernement, ont reçu le coup de grâce avec 48 sièges seulement pour l'Alliance verte, 7 sièges pour Abdallah Djaballah et 4 pour le dissident du MSP, Abdelmadjid Menasra. Les islamistes laminés ont crié à la fraude. Dans un communiqué rendu public, vendredi après-midi, l'Alliance de l'Algérie verte, composée des partis MSP, El-Islah et Ennahda, a menacé : «Si la fraude est reconnue officiellement, nous allons prendre les mesures nécessaires et nous imputerons toute la responsabilités au président de la République.» Et d'ajouter : «Cette fraude a fini d'achever ce qui reste de la confiance du peuple et l'expose à des dangers dont nous n'assumons pas la responsabilité.» Rien que cela ! Dans une déclaration faite hier à la chaîne russe Russya El-Youm, Abderrezak Mokri, porte-parole de l'Alliance a qualifié le scrutin du 10 mai de «mascarade» vu «la fraude qui a émaillé le déroulement», en révélant que des pourparlers avec d'autres partis politiques sont en cours pour «prendre des décisions communes», n'excluant pas de recourir aux manifestations «pacifiques» ou au boycott du Parlement. Le FFS, quant à lui, a évoqué, vendredi, dans un communiqué rendu public, la division entre les militants engagés en faveur du changement démocratique et les affairistes. Il a dénoncé le rôle de ces derniers dans ces législatives. «Le FFS considère que l'intrusion, le renforcement, voire dans certains cas, la mainmise de l'argent sale sur la vie politique nationale est une des menaces qui pèsent sur l'édification de l'Etat de droit ; l'instauration de la démocratie et la garantie de la souveraineté nationale», a souligné, le SG du parti, Ali Laskri. Toutefois, le FFS considère avoir «atteint» son objectif tracé quant à sa participation à ces législatives. Pour le RCD qui, rappelons-le, avait décidé de boycotter les élections législatives, ces dernières ne se distinguent pas «des rituels électoraux» passés. Dans une conférence de presse organisée vendredi au siège du parti, le nouveau SG, Mohcine Belabbas, a affirmé que «dans le fond», ce scrutin était «un funeste message politique de plus» et que «dans la forme», il a été «plus vulgaire que ce que les Algériens avaient eu à subir jusque-là». Le RCD a estimé, entre autres, que «le taux de participation, tel que noté par les commissions communales, soigneusement filtrées par l'administration, n'a pas dépassé les 18%», qualifiant l'abstention de «massive», qui «n'est que le reflet d'une profonde désaffection des citoyens». Pour sa part, Louisa Hanoune, secrétaire général du parti des travailleurs (PT), a accusé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti, les observateurs internationaux «de servir d'alibi au pouvoir», en jugeant «insuffisant» leur nombre. Elle a considéré que le pouvoir «s'est servi des observateurs étrangers pour justifier ses dérives». Contrairement à ce qui a été déclaré plus haut, le parti du Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Ben Younès «a tiré satisfaction» de ce scrutin et «s'est félicité» de sa participation. Il a expliqué dans un communiqué, adressé à notre rédaction hier, que le MPA «tire une légitime fierté, car la déferlante intégriste promise à l'Algérie n'a pas eu lieu», ajoutant que le peuple algérien «a montré qu'il prend toute la mesure du danger que représente pour la nation la manipulation de la religion à des fins politique». Concluons avec Belkhadem, grand vainqueur de ces législatives, qui s'est enorgueilli que son parti, le FLN, «a prouvé à ceux qui veulent semer le doute que la confiance du peuple en le parti et en son programme est intacte». «Je suis satisfait que le peuple algérien ait donné ses voix au FLN», confiera-t-il au site Algérie1.com. Il ajoutera : «Je m'y attendais, car en parcourant l'Algérie de fond en comble, j'ai pu mesurer la popularité du parti et de ses idéaux.» Ce score enregistré, dans une conjoncture qui lui était défavorable, notamment avec les dissensions internes, et les contestations persistantes des membres du bureau central, devrait conforter Belkhadem pour son avenir politique au sein du parti et également fixer le sort des contestataires qui «devront rentrer dans les rangs ou changer de parti», selon un militant pro-Belkhadem. Le RND dira que son score «est satisfaisant».