La prolifération du marché informel de tout genre a réellement pris des proportions inquiétantes à Annaba et dans les régions avoisinantes. Depuis les émeutes de janvier 2011 la situation est devenue incontrôlable au chef-lieu de la wilaya, où des milliers de personnes s'adonnent au commerce informel. En effet, la ville a perdu désormais son charme avec les centaines de charrettes de fruits et légumes comme aussi la vente à même le sol de produits cosmétiques, vêtements, chaussures et produits agroalimentaires. Ces activités clandestines échappent entièrement au fisc sans supporter des charges et envahissent le centre-ville de Annaba et portent un réel préjudice aux commerçants légalement constitués en leur livrant une déloyale concurrence. Choquants au début, les magasins étalant la friperie sont entrés dans les mœurs des consommateurs algériens. A Annaba, c'est devenu désormais un gain très rapide et un marché incontrôlable dispersé à travers plusieurs zones de la ville, à savoir sur les avenues d'El Hattab, dans la cité de la Plaine-Ouest, sur le rond point de la rue de Gambetta. Des jeunes et moins jeunes ont pris d'assaut ces lieux pour écouler leurs grandes marchandises dans les rues bloquant ainsi toute circulation aux piétons et aux automobilistes qui trouvent de grandes difficultés à rouler au centre-ville. Certes le marché est inondé de fringues de toutes sortes (jeans, tee-shirt, shorts, robes et chaussures). Vendeurs et clients y trouvent en effet leur compte. Ce marché de la friperie connaît un réel essor et continue d'imposer, vu ses prix très bas, une rude concurrence à l'industrie nationale de textile et aux importateurs de prêt-à-porter. Etant ainsi libéralisé pour des milliers d'acheteurs issus majoritairement de milieux pauvres, il n'a pas fallu cependant beaucoup de temps pour constater une vraie ruée de personnes qui envahissent les rues de la wilaya de Annaba. Dans ce volet, il faut savoir que le marché informel qui déstabilise l'économie du pays dont la friperie constitue notamment un business lucratif surtout pour les pays occidentaux qui déversent leurs stocks sur le continent africain tout en rapatriant des milliards de dollars au profit de l'Europe, l'Asie et l'Amérique. L'origine de ces vêtements qui sont des dons de particuliers ou des invendus de plusieurs magasins étrangers destinés à la Croix-Rouge et aux associations d'aide aux nécessiteux. Ils sont distribués ou vendus selon les cas. Les fonds récoltés suite à la vente sont versés aux hôpitaux et institutions humanitaires. Effectivement, ce sont ces dons européens qui sont détournés vers les pays sous-développés. Sétif, Tébessa et Constantine abritent d'ailleurs l'un des plus grands marchés de gros spécialisé dans la friperie. Par centenaires et ballots, ils sont vendus au plus offrant après avoir été triés en trois choix selon la qualité et l'état des vêtements . A noter que le commerce informel est devenu une activité commerciale très rentable et pratiquée par des grands commerçants qui ont à leur tour constitué un réseau très important bien maîtrisé : des points de vente de gros et de détail dans chaque région du pays. Or, depuis quelques années, la ville de Annaba fait face à une situation sociale des plus aiguës due principalement à un double exode rural qui s'est percuté sur le visage de la région en lui offrant un tableau de précarité immense. Les enfants issus de la déperdition scolaire s'adonnent à la vente de petits pains devant les marchés de la ville, de boissons gazeuses et de produits alimentaires devant les magasins les plus mouvementés de la localité. Plusieurs autres jeunes vendeurs étalent des produits de détergents à des prix abordables pour les bourses moyennes alors que pas très loin, à quelques pas de marché, d'autres vendeurs au noir proposent plusieurs sortes de parfums contrefaits de grandes marques même à des prix allant jusqu'au 3 000 DA . Bref, le marché informel est devenu de nos jours l'unique gagne-pain pour des milliers de familles pauvres de la région.