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L'informel, le cancer de l'économie nationale
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 05 - 2012

Le trabendo ou l'informel, deux termes qui marchent ensemble, sont de nos jours ancrés parfaitement dans nos mœurs. Ce phénomène n'est malheureusement pas un tabou à Annaba où il existe sous toutes les formes.
En effet, la ville a perdu désormais son charme avec ses centaines de charrettes de fruits et légumes comme la vente par terre des produits cosmétiques, vêtements, chaussures et produits agroalimentaires. Les vendeurs clandestins qui échappent entièrement au fisc sans supporter de charges, envahissent le centre-ville de Annaba, causant un réel préjudice aux commerçants légalement constitués en leur livrant une concurrence déloyale. Un phénomène qui choquait au début. Les magasins de friperie sont d'ores et déjà entrés dans les mœurs des consommateurs algériens. De toute évidence, les principaux quartiers de la ville essentiellement au niveau du marché El-Hattab, rues Gambetta, Ibn-Khaldoun, l'Emir-Abdelkader, Boutkouta-Hocine, Larbi-Tebessi et sur les places Houami-Hacène, le Champs-de-Mars, Ibn-Badis qui sont les plus prisés puisque quotidiennement, sont pris d'assaut par les vendeurs à la sauvette qui ne cessent de se multiplier un peu partout. A Annaba, c'est devenu désormais un moyen de gagner de l'argent très rapidement avec un marché incontrôlable dispersé à travers plusieurs zones de la ville. Beaucoup d'entre eux sont des jeunes et moins jeunes qui notamment poussent des charrettes,encombrants ainsi les chaussées à plusieurs endroits comme la Colonne, la Plaine ouest, Bouhdid , la place du 11-Décembre 1960 et aussi dans les communes d'El-Bouni Sidi-Amar et El-Hadjar, bloquant ainsi toute circulation aux piétons et aux automobilistes qui trouvent une grande difficulté à rouler dans le centre ville. Le marché se trouve dès lors inondé de vêtements de toutes sortes, jeans, tee-shirts, shorts, robes et chaussures, ainsi . tous les vendeurs et les clients y trouvent leur compte. Certains par contre choisissent de transformer certaines artères en véritables bazars à ciel ouvert. Si la plupart des trottoirs sont en otages, c'est particulièrement à cause du chômage qui a atteint son apogée mais aussi du fait que des milliers de travailleurs vivent actuellement des situations extrêmement difficiles, avec des mois sans salaires quand ce n'est pas le licenciement ou le départ volontaire. La situation s'est aggravée avec le nombre croissant d'adolescents exclus du système scolaire. Paradoxalement, la vente informelle de son côté reste la seule voie ouverte pour ces pères de familles ou ces jeunes qui vivent assez mal cette situation. Dans cette optique, il faut savoir que les deux tiers des consommateurs algériens préfèrent acheter au niveau des marchés informels où les prix des produits proposés sont bas et constitués majoritairement de produits importés à 80% et on estime un nombre de 1 500 marchés à l'échelle nationale. D'après les estimations, l'Etat avait perdu en 2009 plus de 250 milliards de DA en matière de recouvrement d'impôts. En outre, l'informel qui notamment vit des importations et surtout de la contrebande a pu élargir ses activités vers l'immobilier et le tourisme avec l'apparition de plusieurs agences touristiques et immobilières illégales. Dans ce volet, il a été constaté une prolifération extrême de vendeurs à la sauvette qui sont décidés à tenter l'impossible pour faire vivre leurs familles en ramassant un misérable pécule de poche. Cette tranche de trabendistes offre un décor désolant dans ces ruelles mouvementées du chef-lieu de la wilaya. L'Etat devait mettre le paquet pour maîtriser la situation A chacun son terrain dans ce commerce informel qui emploie plus d'un million de personnes à travers le pays et représente un chiffre d'affaires de plusieurs milliards de dinars. Le ministère du Commerce avait annoncé déjà que des infrastructures commerciales, soit 267 marchés de gros dont 235 marchés de détail de fruits et légumes, sont en cours de réalisation à travers tout le territoire pour un montant de 5,9 milliards de DA. Cet important programme a permis la réhabilitation de 9 marchés de gros de fruits et légumes depuis 2009, principalement dans les wilayas de Batna, Tébessa, Tiaret, Mostaganem, Mila, Guelma, Mascara et Aïn Témouchent. Le concept de l'informel c'est que beaucoup de gens n'ayant pas pu accéder à un emploi se versent dans le marché informel qui est actuellement en augmentation constante en Algérie. Non seulement, les trottoirs sont squattés mais ils sont partagés par ces vendeurs, ils imposent leur diktat et chacun s'approprie un bout de trottoir. Il y a ceux qui vendent des cigarettes de toutes marques qu'ils exposent sur de petites tables de fortune, et ceux pour la plupart des enfants qui proposent des sachets en plastique dans différents marchés de fruits et légumes de la ville. Certains revendent des effets vestimentaires et d'autres des produits alimentaires ou du pain dans des chariots. Parallèlement, on croise une multitude de marchands ambulants qui colportent différentes marchandises métamorphosant ainsi la quasi-totalité des boulevards en souks illicites. Les plus chanceux sont ceux qui vendent des fruits et légumes dans des camionnettes avec lesquelles ils sillonnent dès les premières heures de la journée les différents quartiers de la ville. Ce qui ne fait pas des heureux parmi les habitants qui se plaignent de leurs bruits de klaxons. D'autres ramassent du pain rassis qui sera revendu à un prix dérisoire. Il y a également ceux qui font du troc avec de la vaisselle. «Cela nous permet de survivre», nous dit l'un de ces marchands ambulants. Marché sauvage des téléphones mobiles Dans ce chapitre, il y a lieu d'indiquer que l'informel, dont la friperie, qui déstabilise notre économie est un business lucratif surtout pour les pays occidentaux qui déversent leurs stocks sur le continent africain tout en rapatriant des milliards de dollars au profit de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. Ces vêtements proviennent de dons de particuliers ou sont des invendus de magasins étrangers qui sont destinés à la Croix-Rouge et aux associations d'aide aux nécessiteux. Ils sont distribués ou vendus selon les cas. Les fonds récoltés par la suite à la vente sont versés aux hôpitaux et institutions humanitaires. Effectivement, ce sont ces dons européens qui sont détournés vers les pays sous-développés. Sétif, Tébessa et Constantine abritent d'ailleurs l'un des plus grands marchés de gros spécialisé dans la friperie. C'est par containers et ballots que ces vêtements sont vendus au plus offrant après avoir été triés en trois choix, selon leur qualité et leur état. A noter que le commerce informel dont la friperie est devenu une activité commerciale très rentable et pratiquée par des grands commerçants qui ont, à leur tour, constituent un réseau très important bien maîtrisé, des points de vente de gros et de détail dans chaque région du pays. Or, depuis quelques années, la ville de Annaba fait face à une situation sociale des plus aiguës, due principalement à un double exode rural qui s'est sur l'urbanisme de la région en lui offrant un tableau de précarité immense. De leur côté, les enfants issus des déperditions du système scolaire s'enfoncent dans l'activité de vente de petits pains devant les marchés de la ville, la vente des boissons gazeuses et des produits alimentaires devant les magasins les plus mouvementés de la localité. Plusieurs autres jeunes vendeurs sur des tables proposent sur des étals des produits de détergents et de nettoyage, tous types confondus, à des prix abordables pour les bourses moyennes, alors que pas très loin à quelques pas de marche d'autres vendeurs proposent plusieurs sortes de parfums féminins contrefaits à des prix allant jusqu'au 3 000 DA. Bref, le marché informel est devenu de nos jours la seul source et l'unique gagne-pain pour des milliers de familles pauvres de la région. Les importations de l'Algérie en matière de téléphones portables et d'équipements mobiles, à savoir chargeurs, carcasses et batteries, enregistrent d'ores et déjà une réelle croissance. Ces importations, qui ont dépassé le montant de 159 millions de dollars, proviennent particulièrement de la Chine, de la Corée du Sud et de l'Inde. A Annaba, le marché parallèle des téléphones mobiles se base à El-Hattab où chaque matin, des centaines de jeunes proposent des portables à des prix bas, dont la majorité est composée d'une marchandise volée dans la plupart des cas. Des médicaments douteux en vente Des médicaments miraculeux en provenance des pays subsahariens sont en vente au souk. La vente de ces produits s'est transformée en un véritable commerce pour le moins fantaisiste et de plus en plus pratiqué par des Africains dont la plupart sont en situation irrégulière. A El-Hattab, certains marchands exposent leurs produits à même le sol comme les bijoux traditionnels : bagues, chaînes et autres objets destinés à la vente. On y trouve du musc, des parfums, des tubes de pommade; ces produits sont présentés comme des remèdes à de nombreuses maladies. Cette activité d'un temps ancien fait désormais partie de notre patrimoine et s'ancre de plus en plus dans notre quotidien. Les vendeurs se déplaçaient dans les coins les plus reculés et au voisinage du souk El-Hattab pour offrir leurs produits et attirer plusieurs curieux dont la majorité sont des personnes qui souffrent d'un quelconque mal (dos, pieds ou épaules). Ces individus n'hésitent pas à acheter les flacons proposés et sans aucune indication médicale. Certains marchands se proclament même des guérisseurs. Ils proposent très discrètement à une certaine clientèle des remèdes expliqués dans un arabe presque incompréhensible, des produits aphrodisiaques sous forme de petits flacons qui possèdent des vertus efficaces au prix de 400 DA l'unité sous la forme d'une poudre grisâtre à avaler qu'ils vendent par dose, une substance visqueuse de couleur marron et autre du même genre mais blanchâtre mise dans un flacon de récupération.

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