Karim Tabbou, l'ex-premier secrétaire national du plus vieux parti de l'opposition, et Samir Bouakouir, le désormais ex-représentant du parti à l'étranger, ont violemment réagi à leur mise à l'écart par la direction nationale du parti pour «fautes de 3e degré». Mercredi dernier, Ali Laskri, le premier secrétaire national du FFS, a décidé de suspendre Karim Tabbou, membre du conseil national et député de la circonscription de Tizi Ouzou, de toute activité au sein et au nom du parti, et a mis fin à la mission de Samir Bouakouir en sa qualité de représentant du FFS à l'étranger. Des mesures décidées par la direction nationale après leurs sorties médiatiques sur la nouvelle stratégie et les orientations du parti. «La direction nationale du parti adopte une attitude de mépris et de menaces à l'encontre des militants qui ont le courage de soulever des interrogations politiques», fait observer M. Tabbou dans une déclaration rendue publique mercredi. «Le malaise n'est pas réductible à un simple mécontentement de cadres mal (ou non) placés sur les listes électorales, il s'agit bel et bien d'une dérive politique d'une direction qui s'est rendue complice du pouvoir en place», dit-il, mettant en avant son (direction nationale, ndlr) «silence» face aux «graves irrégularités, aux dépassements et, parfois même, aux bourrages des urnes» lors du dernier scrutin législatif. «Au lieu de dénoncer les marchandages et les arrangements du sérail, la direction nationale n'a pas trouvé mieux que d'exprimer sa totale satisfaction au lendemain de la validation de la fraude par le Conseil constitutionnel», déplore l'ex-premier secrétaire national du FFS. « Pour seule réponse à l'appel pour un rassemblement des cadres et des militants du parti et à l'instauration d'un vrai débat démocratique sur la stratégie politique du FFS, la direction nationale a procédé à la suspension d'un ancien premier secrétaire et m'a démis de mes fonctions de représentant du FFS à l'étranger», note, pour sa part, Samir Bouakouir dans une déclaration rendue publique jeudi, soit au lendemain de sa mise à l'écart du parti. «Ma divergence avec la direction nationale est d'ordre politique et uniquement politique avec comme objectif d'engager un débat sur les orientations politiques du parti», précise-t-il, indiquant que la mesure prise à son encontre est un non-événement, puisque, dit-il, «je n'exerce plus, de fait, cette fonction, étant rentré définitivement en Algérie». Tout en se gardant de s'inscrire «dans une confrontation organique à l'intérieur du parti», M. Bouakouir affirme que sa démarche politique est de nature à rassembler et non à diviser, encore moins à servir d'alibi pour ceux qui veulent nuire au parti ou servir les intérêts de ceux qui veulent porter un coup fatal à la cohésion nationale. «Les logiques d'appareil et les batailles pour le contrôle du pouvoir à l'intérieur du FFS, et plus largement dans les autres partis, sont politiquement stériles dans un contexte général de privation des libertés fondamentales», note-t-il. «Si j'avais le sentiment que mon action constituerait un facteur d'implosion du parti, je la cesserais immédiatement», conclut-il.