La crise dans laquelle s'enferre le FFS monte d'un cran. Visiblement déstabilisée par les sorties médiatiques de Karim Tabbou et de Samir Bouakouir, la direction du parti réagit par la sanction. Prévisible. Le premier secrétaire national du parti, Ali Laskri, a suspendu Karim Tabbou de «toute activité au sein et au nom du parti» et a mis fin aux fonctions de Samir Bouakouir. Le plus vieux parti de l'opposition en Algérie se débarrasse ainsi de ses jeunes loups. Selon le communiqué du FFS qui porte la griffe de Ali Laskri, rendu public hier, la décision à l'encontre de Tabbou a été prise en raison des «comportements et propos indignes qu'il a tenus publiquement contre le parti et ses instances». Karim Tabbou, élu député et membre du Conseil national du parti, sera traduit devant la commission de discipline «pour faute du 3e degré», précise encore le communiqué. Il lui est reproché «le non-respect des fondements et objectifs des statuts et chartes du parti, le dénigrement du parti, de ses militants et de ses dirigeants par des déclarations publiques et écrites, le refus volontaire d'exécuter les directives des instances du parti et diffusion de rumeurs, le dénigrement des cadres dirigeants». Par ailleurs, la direction du FFS a mis fin aux fonctions de représentant du parti à l'étranger de Samir Bouakouir, ajoute encore le communiqué. Les deux responsables du FFS suspendus ont dénoncé «une normalisation du parti». Tabbou, partisan d'une ligne dure au sein de la formation de Hocine Aït Ahmed, a déclaré avant-hier que «le malaise n'est pas réductible à un simple mécontentement de cadres mal ou non classés dans les listes électorales, il s'agit bel et bien d'une dérive politique d'une direction qui s'est alignée et s'est rendue complice avec le pouvoir en place». Bouakouir, lui, a condamné «l'instrumentalisation de l'appareil du parti par un quarteron qui avait concocté un deal avec des cercles du pouvoir». La stratégie du parti est vertement critiquée par de nombreux cadres et militants. Ce n'est plus un secret pour personne. La tendance est même à l'amplification. L'exclusion de ces deux figures de proue va sans doute provoquer des réactions en chaîne ; l'on apprend déjà que des réunions sont programmées, elles rassembleront les contestataires. Des poids lourds du parti, selon nos sources, se concertent en vue d'une riposte politique. Le feuilleton FFS risque de durer tout l'été.