Des centaines de parents et proches des victimes tuées par les bombardements de l'Otan ont saisi la justice réclamant à l'Otan de les indemniser. Des avocats chargés de plusieurs dossiers de ressortissants libyens ont commencé déjà à mettre en demeure l'Otan, lui demandant «réparation» en numéraires. En effet, parmi ces avocats, Me Ghislain Dubois, qui a déclaré avoir adressé une mise en demeure à l'Otan pour réclamer l'indemnisation d'un ressortissant libyen, dont cinq de ses proches ont été tués durant l'intervention de l'Alliance atlantique en Libye l'an dernier, la seconde affaire de ce genre dont il s'occupe. Il agit en tant que conseil en Belgique d'Ali Jefera, qui a perdu cinq membres de sa famille lors d'un raid de l'Otan lancé dans la nuit du 29 au 30 août 2011 sur Bani Walid (170 kilomètres au sud-est de Tripoli), a-t-il précisé. «Je vous mets dès lors par la présente mise en demeure d'avoir à verser à mon client une indemnisation qui ne peut être inférieure, vu le nombre de victimes innocentes, à 100 000 euros», a écrit Me Dubois dans une lettre adressée mercredi au secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, et au conseiller juridique de l'Alliance. «A défaut de ce faire dans les huit jours de la présente, j'ai dès à présent reçu mandat d'obtenir en justice devant le tribunal de première instance de Bruxelles réparation intégrale du préjudice moral et matériel subi par mon client», a ajouté l'avocat. Selon lui, ce raid a fait l'objet de deux enquêtes menées par Amnesty International et par Human Rights Watch (HRW) «qui ont toutes deux conclu à une bavure de la part de l'Otan ayant frappé exclusivement des populations civiles». Me Dubois a déjà, en compagnie d'un collègue français, déposé une plainte devant la justice belge au nom d'un autre Libyen, Khaled Hemidi, qui accuse l'Alliance d'avoir tué son épouse et ses trois enfants lors d'un bombardement qui aurait visé son père, un proche du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le 20 juin dernier à Sorman (70 kilomètres à l'ouest de Tripoli). Selon certaines sources en Libye, des centaines de familles libyennes qui ont perdu des proches à la suite des bombardements ont indiqué qu'elles ont préparé des dossiers similaires, demandant à l'Otan de les indemniser. Aucune information n'a filtré pour l'instant sur le nombre exact des victimes dont l'Otan serait responsable dans le conflit libyen. Les responsables de l'Otan ont indiqué, quant à eux, qu'ils avaient pris toutes les précautions utiles afin de ne pas tuer des civils et des innocents. Malheureusement, ce n'est pas uniquement les soldats proches de Kadhafi qui ont été la cible des avions de l'Otan. Des civils et même des «révolutionnaires» ont été visés peut-être par erreur, par les bombardements de l'Otan. Mandaté par le Conseil de sécurité, l'Otan pourrait également obtenir des fonds de l'Onu si toutefois elle était condamnée à indemniser les familles libyennes.