Aïcha Kadhafi, la fille de Mouammar Kadhafi, avait déjà porté plainte contre l'Otan en juin dernier, accusant l'Alliance atlantique d'avoir tué le plus jeune des fils de Kadhafi, Seïf al-Arab, 29 ans, et trois de ses petits-enfants, ainsi que des amis et voisins, lors d'un raid contre Tripoli le 30 avril mais le tribunal de Bruxelles s'était déclaré incompétent. Deux avocats, un Belge et un Français, ont annoncé jeudi dernier une nouvelle plainte contre l'OTAN qui a son siège à Bruxelles. Cette nouvelle action judiciaire est diligentée par Khaled Hemidi, un Libyen qui accuse l'Alliance atlantique d'avoir tué son épouse de 34 ans et ses trois enfants en bas âge (5,4 et 3 ans) lors d'un raid qui a eu lieu le 20 juin à l'aide d'un drone (avion sans pilote). Ce bombardement aurait visé son père, un général à la retraite, chef d'une tribu de la région de Syrte et proche du leader libyen Mouammar Kadhafi. La plainte, en vue d'une action civile en dommages et intérêts, a été déposée devant le tribunal de première instance de Bruxelles, ont précisé Me Marcel Ceccaldi et son collègue belge du barreau de Liège, Ghislain Dubois lors d'une conférence de presse dans la capitale belge. Me Dubois a également mis en évidence le fait que cette nouvelle plainte ne se fonde pas sur la loi de compétence universelle- pilier juridique qui avait servi de fondement à l'action de la fille du colonel Kadhafi en juin dernier- et que dès lors, selon le conseil belge de Khaled Hemidi, la justice belge devrait se révéler compétente puisque le siège de l'Otan se trouve à Bruxelles et que l'Alliance atlantique viole le mandat que l'ONU lui a conféré. Me Dubois - qui est notamment l'avocat du député européen du Front National français Bruno Gollnisch - agit de concert avec Me Marcel Ceccaldi, avocat du colonel Khadafi. Le 4 juillet, ce défenseur avait demandé au procureur de la Cour pénale internationale d'ouvrir une enquête sur les crimes commis par l'Otan en Libye. Pour Me Ceccaldi, ces poursuites devraient en effet viser le président français Nicolas Sarkozy et son homologue américain Barack Obama. L'avocat français invoque comme fondement de son action que “l'Otan, sous l'impulsion, le commandement et l'égide des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni, commet intentionnellement des crimes de guerre”. Me Ceccaldi est en outre l'avocat de l'ancien président de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo et avec son confrère Jacques Vergès, Me Ceccaldi s'était vu refuser l'entrée du territoire ivoirien en mai dernier lorsque tous deux étaient allés défendre Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril. L'année dernière, Me Ceccaldi officiait également comme avocat de Dadis Camara, qui avait pris le pouvoir en Guinée après la mort du président Conte, et que certains soupçonnent d'être impliqué dans la répression d'une manifestation à Conakry, qui avait fait 157 morts, en septembre 2009.