Le Casif de Sidi Fredj a accueilli, vendredi soir, la légende vivante de la musique reggae, l'infatigable Jimmy Cliff, qui a recréé l'ambiance des délirantes soirées jamaïcaines à Alger. Jimmy Cliff à Alger, ça devait, incontestablement, être le concert évènement de l'été 2005 d'Alger, celui du Festival international de Timgad, mais le concert de vendredi au Casif n'a pas drainé grand-monde. Seuls quelques familles en vacances, certains amateurs de reggae et de jeunes fêtards ont pris le chemin du Casif pour vivre un moment au rythme de la musique jamaïcaine. Durant une longue attente le public a vu défiler, sur un écran géant placé derrière la scène, une série de spots publicitaires de l'opérateur téléphonique Nedjma et d'autres partenaires de l'Office national de la culture et de l'information (Onci) ainsi que le programme concocté pour l'été. Enfin, l'animatrice de “Sabahiates” se précipite sur son micro pour calmer l'assistance en annonçant le début du concert de Jimmy Cliff qui fait escale en Algérie dans le cadre de sa tournée mondiale. Il est 22h passé, quand une dizaine de musiciens jamaïcains investissent la scène pour saluer l'assistance d'une intro reggae qui annonce d'emblée les couleurs d'une soirée tropicale. Certains jeunes se ruent sur la piste de danse pour dire leur impatience de faire la fête en cette soirée caniculaire. Sous de chaleureuses ovations, Jimmy Cliff fait son entrée et lance, dans un arabe approximatif : “Salam Alikoum wa rahmatou allah.” Dans son costume orange, à 57 ans, le chanteur affiche encore l'allure d'un adolescent. Une forme à vous couper le souffle et une voix qui n'a rien perdu de sa fermeté. La soirée reggae commence par la traditionnelle Reggae Night, que le public reprend en chœur. On danse, on chante mais on admire surtout l'artiste qui n'a aucune difficulté à se mouvoir sur scène. I Want I do I Get, (oh ! la ! la !) Let's Go Dancing du groupe Kool and the Gang, Reggae Night, Peace officer, Keep on dancing, Jimmy Cliff enchaîne avec des chansons plus engagées politiquement. Vietnam est un clin d'œil à ce qui se passe en Irak, en Afghanistan et ailleurs. Le chanteur adresse son message directement à George Bush et à Tony Blair. Un hommage particulier est également rendu aux victimes des attentats du 11 septembre. Le chanteur est aussi engagé écologiquement parlant ; il n'hésite pas à souligner les dangers qui menacent la planète Terre. Jamaïca Time, Miss Jamaïca, Many Rivers to Cross, You Can Get it if you really want it, Bongo Man, Under the sun, Mon and Stars, Brave Warrior, Stand up and fight back, We all are one, I san see clearly now, Jimmy Cliff enflamme le Casif et revisite une grande partie de son répertoire mais aussi quelques titres de Cat Stevens et Bob Dylan avant de clôturer le concert par une version très originale, ponctuée de percussions jamaïcaines de Rivers of Babylone du groupe Boney M. Né en 1948 à St-James, en Jamaïque, sous le nom de James Chambers, Jimmy Cliff est influencé dès son enfance par les grandes stars de la soul music. Il enregistre son premier single à 14 ans. En 1963, il enregistre des tubes comme : King of kings ou Dearest Beverley. C'est à cette époque qu'il va rencontrer un autre jeune chanteur, Robert Nesta Marley, qu'il aide à réaliser son premier titre Judge not. Dans le film Harder they come, il interprète le rôle d'un rude boy qui va l'installer comme un des leaders du mouvement reggae. Ce ne sera pas la seule apparition cinématographique de l'artiste jamaïcain, mais en tout cas ce sera la plus remarquée. En quarante années de carrière, la discographie de Jimmy Cliff réunit 22 albums. Malgré ses nombreux succès, sa carrière va être quelque peu éclipsée par le succès international de Bob Marley. Il continue, aujourd'hui, sa tournée mondiale en Afrique, Amérique latine, Europe où le public est toujours au rendez-vous. W. L.