Les principales mesures de colonisation ont été la création de centres européens et la concession gratuite de terres. Un arrêté du gouverneur général du 18 avril 1841 des ordonnances des 21 juillet et 9 décembre 1845 avaient établi le système des concessions sous condition suspensive, le concessionnaire ne pouvant hypothéquer les biens concédés provisoirement et les transmettre à des tiers qu'avec l'autorisation de l'administration. Un décret du 26 avril 1851 modifia ce système et y substitua celui des concessions sous condition résolutoire. Cette modification n'ayant pas produit les résultats attendus, un décret du 25 juillet 1860 décida que la vente à prix fixe ou aux enchères publiques, ou même de gré à gré dans certains cas, serait dorénavant la règle pour l'aliénation des terres domaniales. Les concessions furent supprimées par le décret du 31 décembre 1864. Le nouveau régime de colonisation rendait nécessaire l'allotissement préalable des terres à vendre et le décret de 1860 avait déjà ordonné que la fixation de périmètres de colonisation précéderait la distribution des terres domaniales. Les nationalités des colons De 1871 à 1881, la superficie des terres concédées aux immigrants et aux colons a été de 457 120 hectares ; la valeur de ces terres s'élève à 41 589 923 F. Les dépenses d'installation des colons sont évaluées à 14 939 135 F. 7 339 familles, comprenant 27 981 personnes, résidaient au 31 décembre 1881 sur ces concessions. Il y a 7 764 concessions de lots de villages ; 1 241 de lots de fermes et 1 175 de lots industriels (terres impropres à la culture). A cette époque, la population européenne de l'Algérie comprend des Français, plus nombreux à eux seuls que le reste de la population d'origine européenne. Ils sont colons pour la plupart, ont émigré surtout de la France méridionale, du bassin de la Garonne et de l'Alsace-Lorraine. Les Espagnols (Andalous, Murciens, Valenciens, Catalans, Baléares) sont maraîchers, alfatiers, bûcherons, défricheurs et sont très répandus dans le département d'Oran. Les Italiens se sont fixés de préférence, ainsi que les Maltais, dans le département de Constantine. On compte en Algérie quelques milliers de Suisses et d'Allemands dispersés dans tout le Tell. Code de l'indigénat Voici le mode de groupement des Arabes : une réunion de tentes abritant plus ou moins de familles est un douar, sorte de grande commune ; l'ensemble de plusieurs douars constitue une ferka, administrée par un cheikh. Un certain nombre de ferkas composent la tribu, à la tête de laquelle est un caïd. Les tribus se groupent en aghaliks, ayant pour chef un agha. A partir de 1881, un code de l'indigénat, très défavorable aux musulmans est promulgué. Il réduit notamment le droit de circulation, et définit un statut fiscal alourdi. Première Guerre mondiale Dans une fresque consacrée à l'histoire sociale de l'Algérie de 1870 à 1962, René Gallissot raconte comment le socialisme républicain, d'abord marqué par l'antisémitisme, s'avère incapable de reconnaître la citoyenneté des autochtones colonisés. Cantonnés dans un statut musulman, ces derniers sont mobilisés en masse sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. René Gallissot Autodétermination Le parti socialiste, arcbouté dans la défense de l'empire républicain, et le parti communiste qui, dominé par des préséances internationales, ne sait pas reconnaître la nation algérienne, sont tragiquement absents d'un combat qui aboutira à l'autodétermination de l'Algérie en 1962. Pierre Montagnon, Histoire de l'Algérie, Pygmalion, 2006.