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Commerces, paix et guerres
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 07 - 2012

La colonisation française trouve ses racines dans les échanges politiques et commerciaux qu'avaient entretenu Français et Algériens durant les siècles précédant le débarquement de 1832 à Sidi Fredj. Alger disposait à cette époque d'une puissance maritime redoutable à plusieurs égards. Les bateaux de guerre étaient entièrement usinés dans les ports d'Algérie, dotés d'une redoutable supériorité maritime et de forteresses au niveau des principaux ports. Les Algériens vont s'imposer comme protecteurs des trafics maritimes circulant en Méditerranée contre la piraterie et les pays tiers. Alger avait même imposé un impôt à tous les pays qui traversaient la grande bleue pour commercer.
Le débarquement Sidi Ferruch ou Sidi Fredj est une plage à 30 kilomètres à l'ouest d'Alger. Ce lieu historique du débarquement des Français qui a commencé le 14 juin 1830, a permis à l'armée française la prise d'Alger survenue le 5 juillet. Première opération qui a conduit à la destruction du pouvoir des Deys, et de la milice turque appelée Régence d'Alger, dépendance au moins nominale de l'Empire ottoman. La date de ce débarquement est retenue comme le premier jour de la colonisation de l'Algérie. Cette conquête est la résultante de relations bilatérales entre l'Algérie et la France extrêmement tendues par le non règlement d'un contentieux financier qui traîne depuis 1796, date à laquelle Bonaparte remporte une éclatante victoire sur l'Autriche. L'empereur s'est fait livré par l'Algérie d'importantes quantités de blé pour assurer le ravitaillement de sa campagne d'Egypte en 1798. Depuis cette date, les Français n'ont cessé de différer le règlement de leur dette. Le 16 mai 1830, les troupes de la flotte française prennent le départ du port de Toulon en direction d'Alger pour officiellement selon l'histoire enseignée dans les manuels scolaires, punir le Dey d'Alger pour avoir frappé avec son éventail le consul de France, Pierre Deval, qui devait s'expliquer sur le grand retard reproché à son pays dans le règlement de la dette contractée par Napoléon lors de sa campagne d'Egypte. La Régence d'Alger avait approvisionné en blé, en bestiaux, en laine les armées du «Directoire» vers 1795-1796 sans que les crédits aient été honorés, sauf partiellement sous la «Restauration». Ce contentieux entre la France et la Régence d'Alger allait dégrader les relations commerciales et politiques entre les autorités des deux pays. Organisation du protectorat De 1515 jusqu'en 1830, date de la conquête de l'Algérie par la France, la Régence d'Alger est un Etat qui s'étend depuis l'est d'Oujda à l'Ouest jusqu'à La Calle à l'Est. En droit province de l'Empire ottoman, elle dispose progressivement, de fait, d'une large autonomie. Après la défaite de Charles Quint en 1541, sa capitale, Alger, devient le port le plus puissant de la rive sud de la Méditerranée. Sous la domination ottomane, son appellation en arabe est : wilayates el-Djezaïr.; à l'époque des Deys, ou nommée parfois appelée Mamelakat el-Djezaïr en arabe. Cette province est formée par plusieurs beyliks, qui sont sous l'autorité des Beys, puis de Deylic sous l'autorité de Deys. La Régence est gouvernée par des Pachas, des Aghas, des Beys et des Deys. Les provinces, ou Beylic, sont : Alger, Constantine, Oran, Mascara, Mazouna, Tlemcen et Médéa. Les guerres franco-algériennes En 1681, le 18 octobre le Dey d'Alger déclare officiellement la guerre à la France de Louis XIV. En 1681, les barbaresques capturent un navire de guerre français et emmènent à Alger le capitaine et l'équipage pour les réduire en esclavage. En 1682-1683, l'amiral français Abraham Duquesne commande par deux fois le bombardement d'Alger, et força le Dey à restituer tous les esclaves chrétiens. En représailles au bombardement de Duquesne les Turcs supplicient le consul de France, le Père Jean Le Vacher en l'utilisant comme boulet de canon humain. Les Algériens en représailles à la violence des bombardements attachèrent à la bouche de leurs canons plusieurs Français de distinction dont les membres mutilés vinrent tomber sur les bâtiments français En 1684, le vice-amiral de Tourville dirige une expédition vers Alger. Des négociations aboutirent et la paix fut signée. La paix que Tourville avait conclue avec les Algériens fut de nouveau rompue par ces derniers. Le maréchal d'Estrées, en 1688, avec ses navires de guerre torpilla la ville d'Alger avec plus de 10 000 bombes. À la suite de cette expédition, la paix fut définitivement conclue avec la Régence. Elle dura plus d'un siècle. Mais les corsaires algériens, tout en respectant le pavillon de la France, n'en continuèrent pas moins à écumer la mer méditerranée, rançonnant et causant de grands ravages sur les côtes d'Espagne. 1811, les accords de paix vont vite après cette date être remis en cause notamment après que David Bacri nommé par Napoléon consul général à Alger est décapité en 1811 par ordre du Dey d'Alger. Cet évènement est la première étape qui va envenimer les rapports entre les Français et les ottomans. La crise économique va provoquer la conquête de l'Algérie Le Dey Hussein, ne pouvant prélever sa part majoritaire sur l'ancienne dette concernant les livraisons de blé par l'Algérie, ni sur les nouvelles transactions commerciales toujours pas réglées, convoque le consul français Deval pour normaliser les situations des dettes de la France. C'est donc suite à ce conflit commercial que survient l'affaire du «coup d'éventail». Cet incident qualifié de diplomatique sera le casus belli pour déclarer la guerre au Régent Le Dey Hussein d'Alger représentant l'empire ottoman qui voit sa trésorerie faire banqueroute. Les revenus de la Régence avec le déclin de ses forces navales n'a plus les faramineux revenus que lui procuraient les 35 galères composant la force de frappe d'Alger contrôlant l'ensemble du trafic maritime en Méditerranée. Il est important de préciser que la marine algérienne imposait aux différentes flottes pénétrant en mer Méditerranée un impôt, pour assurer leur protection contre les pirateries ou les agressions de pays tiers. D'autres évènements ont marqué cette période par plusieurs confrontations navales dont celle qui a vu s'affronter la Marine algérienne à l'expédition américaine en 1815, ou avec les Marines britanniques et hollandaises en août 1816 au large de la baie d'Alger. Britanniques et Hollandais subirent de lourdes pertes et sont repoussés vers le large ; toutefois l'armada algérienne perd également un grand nombre de navires. Révoltes internes La Régence d'Alger avec la limitation du commerce extérieur est affaiblie par une dissidence interne de la paysannerie, des montagnards, et des commerçants. La révolte débutera en 1802, pour s'aggraver jusqu'à la veille du débarquement français en 1832. Cette scission entre la population et les représentants du protectorat ottoman est consécutive aux pertes qu'enregistre le Trésor public et à la décision d'augmenter trop forts les impôts. Les populations vont ouvertement afficher leur désir de se débarrasser des dignitaires Turcs en leur déclarant la guerre. Sur le plan militaire, la flotte d'Alger se retrouve vite en position de faiblesse pour contenir les attaques des flottes européennes. A partir de 1815, les navires de guerres français et britanniques dominent la Méditerranée. Alger résiste aux persécutions des flottes étrangères. Le dernier bombardement de la ville fut l' œuvre de la Marine britannique. (Lord Exmouth). Guerres et commerces La France commerçait traditionnellement avec l'Afrique du Nord et avait des concessions qu'elle avait achetées aux Algériens, et que reconnurent les sultans turcs suzerains du Dey d'Alger en 1518, 1692, 1694 et 1801. La situation avantageuse des concessions d'Afrique, leur richesse en grains, en bestiaux, en laines, en cire, en miel, etc., la facilité de répandre les marchandises de fabrique française dans l'intérieur de l'Afrique, enfin les produits de la pêche du corail, procuraient de grands avantages aux compagnies qui, avant la révolution, exploitaient les concessions. Ce commerce fut languissant et presque nul durant les longues guerres de la révolution et de l'empire. La force navale de l'Angleterre diminua les échanges commerciaux de la France outre mer sans pour autant affecter les négoces avec Alger qui restera neutre dans les conflits armés entre européens. Cependant, en 1798, lors de la campagne d'Egypte, les Algériens, contraints par La Porte, déclarèrent la guerre à la République française et attaquèrent la Galle, établissement où se trouvaient alors environ 200 hommes et vingt canons. Ils s'en emparèrent et en détruisirent les fortifications. Mais cette hostilité forcée n'eut pas de suite, et en 1801, après la paix d'Amiens, les marchands français reparurent sans obstacle sur la côte africaine.(*). Sources : Historia [archive], «La conquête d'Alger», page 320 France- Ministère de la marine et des colonies

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