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La Palestine entre frustrations et festivités
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 07 - 2012

En dépit de sa situation préoccupante, le ramadhan reste un mois de fêtes, de retrouvailles et de recueillement en Palestine. Pendant ce mois, la tradition veut que ce soit les enfants qui annoncent la rupture du jeûne à leurs parents.
A quelques minutes du coucher du soleil, dans les campagnes et les petites villes surtout, les enfants se remplissent les poches de sucreries, se rassemblent et jouent devant les mosquées en attendant l'appel du muezzin. Aussitôt fait, ils se précipitent et courent annoncer la nouvelle à leurs parents. A la maison, le repas de l'îftar est plus riche, plus nutritionnel que d'habitude et les plats sont plus variés. Ramadan étant le mois de la générosité, il impose que les fidèles soient généreux d'abord envers eux-mêmes. A la rupture du jeûne, les Palestiniens commencent par les soupes à base de lentilles mélangées au frik (blé vert concassé) ou la soupe aux légumes. Plusieurs variétés de salades sont servies (huile d'olive, oignon, persil, menthe, tomates, poivrons et autres légumes). Ensuite, place aux dattes, figues, fruits et gâteaux (al kounassa de Naplouse, baklawa, nammoura, bassboussa, qatayef...). Al qatayef sont préparés dans tous les foyers palestiniens. C'est le gâteau de ramadan par excellence. Les variétés de jus et les couleurs des rafraîchissements donnent aussi un air de fête aux tables. Tamr al hindi, caroube, réglisse... sont plus consommés à l'îftar. La tradition est de servir îftar et dîner en même temps. Le plat de résistance est classique sauf que la quantité de viande y est plus importante durant ce mois. La cuisine palestinienne est généralement similaire à celles libanaise, jordanienne et syrienne. Ensemble, elles représentent l'art culinaire et la gastronomie des Cham. Dans les grandes villes, les grandes institutions culturelles et artistiques concoctent des programmations spéciales pour animer les soirées. Lectures poétiques, causeries, contes, pièces de théâtre et chant constituent le principal de cette animation. S'y ajoutent les compétitions de lecture du Coran et les psalmodies : ce type de manifestation n'a commencé que récemment, depuis la formation du premier gouvernement palestinien. Les premières années, des jeunes de pays riverains (Liban, Egypte, Jordanie...) participaient à cette activité. Mais depuis l'Intifada de 2000 et l'embargo, seuls des Palestiniens participent à ce concours ramadanesque, mesures sécuritaires obligent. Dans le reste du pays, les quartiers et les cafés sont très sollicités le soir. Jeux de cartes, dominos et autres jeux de société permettent de veiller tard le soir au milieu de la fumée du narguilé. Ce sont les parties de la table de la chance (taoulate azzahr, un jeu de dés local) qui animent le plus les soirées dans les quartiers, cafés et salons de thé. Les Palestiniens consomment beaucoup de café et de thé noir après l'îftar. Quant au thé vert, sa consommation est très récente dans ce pays. Mais ce qui frustre des milliers de fidèles palestiniens pendant le ramadan, c'est l'incapacité de prier dans la Grande Mosquée d'Al Qods. Avant l'embargo et l'Intifada, le triple de la population de cette ville parvenait à prier dans le troisième lieu saint de l'islam. Depuis, le nombre de fidèles s'est réduit, ils ne sont plus que quelques centaines à s'y rendre. Les militaires israéliens n'autorisent à prier que des quinquagénaires et des vieux dans cette mosquée hors du commun. En effet, la sensation de tout fidèle qui parvient à prier à Al Qods est unique, indescriptible. Il y a une grande différence entre la prière à Al Qods et celle à La Mecque. La Mecque est devenue une grande métropole qui n'a rien à envier aux grandes villes modernes avec gratte-ciel, voitures, cafés, hôtels, restaurants, magasins, alors qu'Al Qods est restée authentique, intacte comme du temps de Omar Ibn Al Khattab, Salah Eddine Al Ayoubi et les compagnons du Prophète. Une terre hautement sacrée et chargée de symboles pour les trois grandes religions. Les mosquées jouent un rôle social important dans l'arrière-pays. On y organise chaque année Mawaïd al îftar, des îftars collectifs auxquels participent la plupart des familles dans les villages. A l'origine, cette opération était destinée aux nécessiteux et aux fidèles de passage ou en voyage. Entre-temps, cet îftar est devenu l'occasion rêvée pour les habitants du village et les voisins de partager des repas dans un climat convivial. Les îftars collectifs sont organisés également dans des quartiers populaires des grandes villes comme Jéricho, Naplouse, Gaza...

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