Les Palestiniens musulmans doivent faire face à des obstacles particuliers pour observer le mois de jeûne de ramadhan. Les autorités israéliennes, redoutant l'action des factions militaires palestiniennes, imposent habituellement des fermetures plus serrées sur les territoires déjà lourdement contrôlés. En conséquence, les Palestiniens se lèvent une à deux heures plus tôt que d'ordinaire pour tenir compte des retards aux check-points. Un trajet Jérusalem - Ramallah, qui dure 10 minutes sans check-point, prend deux à trois heures ce mois-ci. A cause des check-points et autres obstacles, beaucoup de Palestiniens ne peuvent pas rentrer chez eux pour l'iftar, la rupture du jeûne au coucher du soleil. Pendant le mois de ramadhan, les autorités israéliennes imposent souvent un siège presque total sur les territoires occupés, car elles craignent que les musulmans soient plus disposés à devenir martyrs pendant cette période. Israël a également accru les difficultés des fidèles à se rendre à la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, n'autorisant habituellement que les hommes de plus de 45 ans. On sait que les jeunes Palestiniens escaladent les murs de la Vieille Ville pour pouvoir aller sur le site, ou prient dans les rues proches de la Mosquée. Aujourd'hui, la bande de Ghaza est plus pauvre que jamais, et l'ambiance du mois sacré y est déprimante. L'aide internationale est gelée depuis des mois. En outre, Ghaza passe de longues périodes, coupée du monde. L'électricité est rationnée, par phases de six heures, après le bombardement de la principale centrale de la zone. Au début du mois sacré, la coutume est que les enfants de Ghaza allument des milliers de lanternes colorées. Mais cette année le pays fait l'économie de certaines habitudes, faute de moyens et à cause du gel de l'aide internationale. Du coup, de nombreuses familles se contentent du riz et des lentilles fournis par les Nations unies qui nourrissent environ 1 million de Palestiniens. Rien que pour septembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a ajouté à ses listes quelque 60 000 personnes, pour un total de 220 000. Néanmoins un mois de fêtes... En dépit de cette situation préoccupante, ramadhan reste un mois de fêtes, de retrouvailles et de recueillement en Palestine. Pendant ce mois, la tradition veut que ce soient les enfants qui annoncent la rupture du jeûne à leurs parents. A quelques minutes du coucher du soleil, dans les campagnes et petites villes surtout, les enfants se remplissent les poches de sucreries, se rassemblent et jouent devant les mosquées en attendant l'appel du muezzin. Aussitôt fait, ils se précipitent et courent annoncer la nouvelle à leurs parents. A la maison, le repas du f'tour est plus riche, plus nutritionnel que d'habitude, et les plats sont plus variés. «Ramadhan étant le mois de la générosité, il impose que les fidèles soient généreux d'abord envers eux-mêmes. A la rupture du jeûne, les Palestiniens commencent par les soupes à base de lentilles mélangées au frik (blé vert concassé) ou la soupe aux légumes. Plusieurs variétés de salades sont servies (huile d'olive, oignon, persil, menthe, tomates, poivrons et autres légumes). Ensuite, place aux dattes, figues, fruits et gâteaux (al kounassa de Naplouse, baqlawa, nammoura, bassboussa, qatayef…). Al qatayef sont préparés dans tous les foyers palestiniens. C'est le gâteau de ramadhan par excellence. Les variétés de jus et les couleurs des rafraîchissements donnent aussi un air de fête aux tables. Tamr al hindi, caroube, réglisse… sont plus consommés au f'tour. La tradition est de servir f'tour et dîner en même temps. Le plat de résistance est classique, sauf que la quantité de viande y est plus importante durant ce mois. La cuisine palestinienne est généralement similaire à la libanaise, jordanienne ou syrienne. Ensemble, elles représentent l'art culinaire et la gastronomie du Cham. Le s'hour venu, place à qamar guine, des crêpes à base d'abricots. Dans les grandes villes, les grandes institutions culturelles et artistiques concoctent des programmations spéciales pour animer les soirées. Lectures poétiques, causeries, contes, pièces de théâtre et chant… constituent le principal de cette animation. S'y ajoutent les compétitions de lecture du Coran et les psalmodies. Un type de manifestation qui a commencé récemment, depuis la formation du premier gouvernement palestinien. Les premières années, des jeunes de pays riverains (Liban, Egypte, Jordanie…) participaient à cette activité. Mais depuis l'Intifada de 2000 et l'embargo, seuls des Palestiniens participent à ce concours ramadhanesque, mesures sécuritaires obligent ! Taoulate ezzahr anime les soirées Dans le reste du pays, les quartiers et les cafés sont très sollicités le soir. Jeux de cartes, dominos et autres jeux de société permettent de veiller tard le soir au milieu de la fumée du narguilé. Ce sont les parties de la table de la chance (taoulate ezzahr, un jeu de dés local), qui animent le plus les soirées dans les quartiers, les cafés et salons de thé. Les Palestiniens consomment beaucoup de café et thé noir après le f'tour. Quant au thé vert, sa consommation est très récente dans ce pays. Les mosquées jouent un rôle social important dans l'arrière-pays. On y organise chaque année mawaïd al iftar, des f'tours collectifs auxquels participent la plupart des familles dans les villages. A l'origine, cette opération était destinée aux nécessiteux et les fidèles de passage ou en voyage. Entre temps, ce f'tour est devenu l'occasion rêvée pour les habitants du village et les voisins de partager des repas dans un climat convivial. Les f'tours collectifs sont organisés également dans des quartiers populaires des grandes villes comme Jéricho, Naplouse, Ghaza...