Après la bataille de Damas qui a vu les forces gouvernementales reprendre le contrôle de la capitale politique de la Syrie, l'issue de la bataille d'Alep, capitale économique du pays, marquera un tournant dans la crise en Syrie, sur les plans interne et externe. L'accélération des évènements en Syrie, notamment depuis l'attentat perpétré contre le Conseil de sécurité syrien le 18 juillet, et au lendemain de cet acte terroriste, le double veto sino-russe est brandi pour la troisième fois au Conseil de sécurité, la bataille sur le contrôle géographique est de mise. Décisive pour ceux qui depuis des mois n'ont cessé d'appeler à la mise en œuvre de corridors humanitaires, à savoir les soutiens occidentaux et arabes à l'opposition représentée par le Conseil national syrien siégeant à Ankara. L'action des groupes armés n'a pas été pour avoir un contrôle de régions, principalement celles limitrophes de la Turquie, Liban et Jordanie, mettant à mal l'action politique de leurs soutiens sur la scène internationale. Hillary Clinton a soutenu mardi dernier qu'il importait de «travailler étroitement avec l'opposition qui contrôle un territoire de plus en plus vaste et disposera à terme d'un sanctuaire à l'intérieure de la Syrie», précisant «d'où pourront être lancées de nouvelles actions». Pour son partenaire au sein de l'Otan, quelques jours après les propos précités de Clinton, le Premier ministre turc a annoncé qu'Ankara «a le droit et trouve légitime» de poursuivre les membres du PKK «même à l'intérieur des frontières syriennes». Propos tenus quelques heures avant la bataille livrée par les forces gouvernementale aux groupes armés. Si auparavant la recrudescence d'actes violents se faisait à la veille de chaque réunion du Conseil de sécurité sur la crise en Syrie, ce n'est pas le cas depuis. La Maison Blanche exprime en effet ses craintes de voir des massacres se produire dans un avenir immédiat. La porte-parole du département d'Etat, N. Victoria, a soutenu jeudi : «Nous craignons de voir un massacre à Alep et c'est ce que le régime semble être sur le point de faire.» Si l'administration du président Obama mise sur les possibilités de voir les groupes armés prendre le contrôle d'une partie de la Syrie, un éventuel échec de ce scénario n'est pas écarté. Ce qui pour bon nombre d'observateurs explique l'entrée de la donne des armes chimiques depuis quelques jours, en vue de constituer une pression sur Damas à l'avenir. S'agissant de Moscou, le responsable de sa diplomatie Sergueï Lavrov a pour la énième fois réitéré l'opposition de la Russie à toute intervention étrangère en Syrie. M. Lavrov n'a pas manqué à cette occasion de souligner la démarche russe dans son traitement de la crise en Syrie et d'acculer ses collègues permanents au Conseil de sécurité. «Nous proposons des choses qui permettent de mettre immédiatement un terme à la violence», a précisé, jeudi, M. Lavrov. «L'autre partie nous dit : le régime doit capituler sinon nous continuerons à soutenir la lutte armée de l'opposition par tous les moyens, y compris matériellement, et à justifier les attentats terroristes», a-t-il souligné. Il est à noter que Susan Rice a eu à soutenir que les actes de terrorisme à Damas contribueraient à accélérer l'adoption d'une résolution sur la Syrie au titre du chapitre VII de la Charte de l'ONU, lequel prévoit des sanctions graves, allant jusqu'au recours à la force. Cela étant, si l'intervention étrangère en Syrie n'a pas pu se faire, il n'en demeure pas moins que quelques facettes se sont opérées en Syrie, telles que le soutien logistique, matériel et financier de l'opposition armée qui voit des étrangers parmi ses rangs. Bon nombre d'armes sont venus du Qatar, d'Arabie Saoudite, de Tunisie, du Liban et d'Afghanistan, selon des écrits de reporters occidentaux, de déclarations de responsables, dont celle du ministre des Affaires étrangères libanais et d'organismes internationaux. A ce propos, le ministre Lavrov a été usé d'un ton direct en déclarant que «tant que ce soutien se poursuivra, aucune action humanitaire ne sera possible et ce, par la faute de ceux qui ne veulent pas voir cet incendie s'éteindre». Après l'échec de l'adoption d'une résolution sur la Syrie, la Ligue arabe, de l'Arabie Saoudite au Qatar, compte soumettre une résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui fera référence de la menace de l'utilisation des armes chimiques par Damas. Ce qui n'a pas été le cas en 2006 où le Liban a été littéralement écrasé par des bombes israéliennes non conventionnelles ou en 2009-2010 à Ghaza. Ceci étant, «la Syrie n'utilisera ses armes chimiques qu'en cas d'agression étrangère», a averti le porte-parole du gouvernement syrien.