Avertissement - La tension est brusquement montée sur le plan diplomatique surtout après l'annonce de Damas d'utiliser ses armes chimiques si la Syrie est agressée. Le régime syrien avait reconnu hier pour la première fois posséder des armes chimiques, affirmant qu'elles ne seraient jamais employées contre la population mais menaçant de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale. Ces déclarations ont immédiatement suscité des menaces et des mises en garde. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré hier que les Etats-Unis avaient «l'obligation morale» d'intervenir pour empêcher un régime de commettre un «génocide» contre son peuple. «Si un gouvernement ne peut pas, ou ne veut pas, protéger ses concitoyens, alors les Etats-Unis et leurs partenaires doivent agir», a dit la chef de la diplomatie américaine, citant la Libye, la Côte d'Ivoire ou la Syrie. «Mais l'obligation morale de Washington n'implique pas forcément une action militaire», a tempere Mme Clinton. Pour sa part, Israël a affirmé qu'il agirait de façon «immédiate» et aussi «dure que possible» en cas de transfert d'armes chimiques syriennes au Hezbollah libanais. «Si nous repérons un transfert d'armes chimiques syriennes au Hezbollah, nous agirons de la façon la plus dure possible», a affirmé le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman à la radio publique. Le chef de la diplomatie israélienne a réaffirmé qu'un tel transfert constituait «un casus-belli, une ligne rouge à ne pas franchir, c'est le message que nous avons transmis aux Européens, aux Américains, à l'ONU et à la Russie», a ajouté M. Lieberman. De son coté, Londres a jugé la menace brandie par Damas d'«inacceptable». Alliée stratégique et de longue date de la Syrie, la Russie a défendu la position du régime d'al-Assad. «Le régime du président syrien Bachar al-Assad a donné des garanties fermes à la Russie selon lesquelles ses armes chimiques se trouvaient en parfaite sécurité», a déclaré ce mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. La Russie, partenaire de longue date du régime syrien auquel il livre des armes, et qui est fermement opposée à toute ingérence étrangère en Syrie, a bloqué la semaine dernière une troisième fois une résolution occidentale au Conseil de sécurité de l'ONU menaçant Damas de sanctions. Sur un autre plan, la Turquie a décidé d'interdire à partir de ce mercredi l'entrée de ses ressortissants en Syrie par ses postes-frontières pour des raisons de sécurité. «Le passage de nos poids lourds vers la Syrie est fermé», a déclaré à Ankara le ministre de l'Economie Zafer Caglayan. Le ministre a en revanche indiqué que l'entrée de véhicules syriens en Turquie pour chercher de la marchandise et retourner dans leur pays ou le passage de camions venant de l'étranger restaient autorisés. Lavrov : «La position des USA est une justification du terrorisme» Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé ce mercredi la position des Etats-Unis à l'égard de l'opposition syrienne comme une « justification du terrorisme », accusant Washington de ne pas avoir pas condamné l'attentat du 18 juillet à Damas. « C'est une position assez horrible », a déclaré M. Lavrov en évoquant cet attentat dans lequel plusieurs hauts responsables syriens ont été tués. « Je n'arrive même pas à trouver les mots pour formuler notre position à ce sujet. C'est une justification directe du terrorisme», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Visite à Damas du chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, est arrivé hier à Damas pour «évaluer» la situation alors que la mission de supervision de l'ONU en Syrie (Misnus) a été prolongée vendredi pour une «ultime période de 30 jours». «Nous allons évaluer la situation. Le mandat de la Misnus ne sera pas prolongé à moins qu'il y ait des développements significatifs concernant le niveau de violence et l'utilisation d'armes lourdes», a déclaré à la presse M. Ladsous qui effectue sa deuxième visite en Syrie. Trois cent observateurs militaires non armés, accompagnés d'une centaine d'experts civils, avaient été déployés en avril en Syrie afin de surveiller un cessez-le-feu qui n'a jamais été respecté. Les observateurs avaient dû à la mi-juin renoncer à patrouiller sur le terrain en raison de l'intensification des combats entre l'armée régulière et les rebelles. Clinton : les Etats-Unis doivent intervenir pour empêcher les génocides La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré hier que les Etats-Unis avaient «l'obligation morale» d'intervenir pour empêcher un régime de commettre un «génocide» contre son peuple. «Le président (Barack) Obama a clairement établi que la prévention des crimes de masse et des génocides relevait de la sécurité nationale et aussi d'une responsabilité morale», a déclaré Mme Clinton lors d'un colloque au musée du mémorial américain de l'Holocauste à Washington. «Si un gouvernement ne peut pas, ou ne veut pas, protéger ses concitoyens, alors les Etats-Unis et leurs partenaires doivent agir», a dit la chef de la diplomatie américaine, citant la Libye, la Côte d'Ivoire ou la Syrie. Mais «l'obligation morale» de Washington n'implique pas forcément une «action militaire», a prévenu Mme Clinton, pour qui «le recours à la force doit être la dernière option» après «la diplomatie, les sanctions économiques, ou l'aide humanitaire ou les mesures juridiques». La Turquie ferme ses postes-frontières avec la Syrie La Turquie va fermer ses postes-frontières avec la Syrie à partir de ce mercredi pour des «raisons de sécurité», alors que les rebelles syriens se sont emparés la semaine dernière de plusieurs postes côté syrien, a affirmé une source officielle turque. «Nous avons pris une telle mesure pour nos citoyens pour des raisons de sécurité», a déclaré ce responsable turc sous le couvert de l'anonymat. «La réouverture dépendra des développements sur le terrain». «La mesure concerne les ressortissants turcs», a indiqué cette source. «Les étrangers qui voudront passer la frontière devront signer un document les informant des dangers qu'ils encourent», a-t-elle ajouté. La frontière turco-syrienne, longue de 877 kilomètres, comprend sept postes-frontières en activité. Les rebelles syriens contrôlent depuis la semaine dernière trois des sept postes côté syrien, qui constituent les principaux points de passage entre les deux pays: Bab al-Hawa, Al-Salama et Jarablus. Lors de la prise du poste de Bab al-Hawa, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de la métropole syrienne d'Alep, une trentaine de camions turcs ont été pillés et neuf d'entre eux ont été brûlés. Le général Ali Mamlouk devient chef de l'appareil sécuritaire syrien Le général Ali Mamlouk est devenu chef du bureau de la Sécurité nationale, qui chapeaute l'ensemble de l'appareil sécuritaire syrien. «Le général Ali Mamlouk, qui était chef de la sûreté de l'Etat, est désormais chef du bureau de la Sécurité nationale, avec rang de ministre, et ainsi chapeaute tout l'appareil sécuritaire. Il dépend directement du Président Bachar al-Assad», a indiqué, hier, une source des services de sécurité à Damas. Par ailleurs, le général Rustom Ghazalé, ex-directeur de la sécurité militaire à Damas, a été nommé chef de la sécurité politique, et Dib Zaytoun, qui occupait ce poste, devient chef de la sûreté de l'Etat. Le renseignement militaire est désormais dirigé par Rafic Chehadé, qui était jusqu'à présent chef du renseignement militaire à Homs (centre), le cœur de la rébellion. L'ancien patron du renseignement militaire, Abdel Fattah Qoudsiya, devient l'adjoint d'Ali Mamlouk. Cette très importante restructuration intervient moins d'une semaine après l'attentat du 18 juillet ayant frappé l'appareil sécuritaire du régime. Cet attentat avait tué le ministre de la Défense, Daoud Rajha, son adjoint et beau-frère de M. Assad, Assef Chawkat, Hicham Ikhtiar, chef de la Sécurité nationale en Syrie, et Hassan Turkmani, chef de la cellule chargée de réprimer la révolte qui secoue le régime depuis mars 2011.