La tenue à Tunis, vendredi prochain, de la réunion des «Amis de la Syrie» sera en rapport avec nouvelles donnes marquant la scène syrienne : l'échec de l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution sur la Syrie suite au veto russo-chinois ; l'adoption par l'Assemblée générale de l'ONU d'un document acculant Damas ; et la tenue prochaine d'un référendum sur le nouveau projet de Constitution syrienne. Moscou et Pékin ne cessent de souligner l'importance de promouvoir une approche globale pour le traitement de la crise syrienne à même de booster les pistes devant mener à l'arrêt de l'effusion du sang syrien, par le biais d'un processus de dialogue politique entre l'ensemble des acteurs syriens. La violence armée en Syrie ne cesse d'alourdir la liste des victimes sans compter les dégâts matériels considérables. Des actes criminels contre des acteurs politiques, personnalités religieuses, professeurs de facultés, en plus des attentats terroristes causant des victimes sans distinction. Tel est le lot quotidien du peuple syrien en plus des conséquences des sanctions économiques adoptées contre Damas par la communauté internationale et la Ligue arabe. A cela viennent s'ajouter les actes de sabotage d'infrastructures économiques, notamment celles en charge de la fourniture d'électricité. Une situation de tension et de violences qui sera l'argumentaire des participants à la rencontre de vendredi, à Tunis, pour affiner leur plan d'action. Il s'agira de répondre aux besoins humanitaires des Syriens, en œuvrant à l'instauration de «corridors humanitaires» sur les frontières syro-turques et l'installation des membres de ceux qui se nomment «l'Armée syrienne libre». Politique promue par Paris, Londres et Washington dont sa traduction était attendue, les mois passés par M. Ghelioun et qui sera au centre des travaux de la rencontre de Tunis à laquelle prendra part Hilary Clinton et ses partenaires occidentaux ainsi que le Qatar pour ne citer qu'eux. rappelons qu'à partir de Vienne, à moins d'une semaine de conférence «des Amis de la Syrie» Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, après avoir salué le rôle de la Ligue arabe et l'adoption par l'Assemblée générale de l'ONU d'une résolution sur la Syrie, a soutenu que «nous allons s'inspirer du plan de la Ligue arabe», tout en précisant que «notre démarche» s'articulera sur deux points essentiels : l'arrêt de la violence et répondre aux «besoins humanitaires des Syriens». Il a également indiqué que le traitement de la crise syrienne «diffère» de celui adopté en direction de la crise libyenne, des propos sûrement en direction de Pékin et de Moscou sur fond de leur double veto au Conseil de sécurité mettant en échec l'adoption d'une résolution sur la Syrie. Ce qui est à l'origine de la «différence» dont fait part Alain Juppé entre la Syrie et la Libye. Il s'agit, selon lui, d'«aide humanitaire» pour le peuple syrien, semblant avoir oublié qu'il a tenu les mêmes propos sur la crise libyenne. Les «Amis de la Syrie» tenteront vendredi prochain de dégager un plan pour l'exclusion de zones terrestres. Ce qui devrait faire revenir au premier plan le rôle d'Ankara, silencieux ces dernières semaines. Un retour qui intervient après la réunion de la Turquie avec le Conseil de coopération des pays du Golfe, lequel semble avoir répondu aux doléances d'Ankara. Il s'agit pour la Turquie d'être soutenue financièrement dans tout engagement militaire de sa part sur les frontières avec la Syrie. Ce qui constitue une réponse aux incessants appels émis par le Conseil national syrien. Notons que les services de renseignement américains viennent d'annoncer la présence de «groupes armés» et que les attentas perpétrés en Syrie «portent les empreintes d'Al Qaïda». La rencontre de Tunis des «Amis de la Syrie» sera d'expression des soutiens à l'opposition au régime de Damas, ce qui vise à maintenir la Syrie dans la spirale de la violence dans le but de la voir basculer dans une guerre civile. Une guerre civile qui n'épargnera personne, qui balayerait, si elle venait à se traduire, toute perspectives de voir le pays et le peuple syrien emprunter le chemin du respect des droits de l'homme et de l'édification d'un Etat de droit. Une instabilité aux conséquences très lourdes pour la région et le monde. Par leur double veto au Conseil de sécurité, Moscou et Pékin ont marqué le début d'une nouvelle ère dans les rapports internationaux, à savoir le début de la fin de l'hégémonie de Washington, héritée après la chute du mur de Berlin.