Contrairement aux années précédentes, la population de Tissemsilt déguste les veillées ramadhanesques au rythme d'une atmosphère très agréable. En effet, après des journées harassantes d'abstinence, caractérisées par un tempérament de feu de la part d'un grand nombre de jeûneurs, les familles n'hésitent pas à sortir le soir pour savourer des veillées conviviales. Ainsi, après une telle réticence et un calme profond qui aura duré quelques minutes, rupture du jeûne oblige, les artères de la ville, investies par les inconditionnels noctambules, retrouvent l'effervescence de la journée. Les rues, avenues, places et lieux publics reçoivent tout ce beau monde, notamment après la prière des tarawih où l'on remarque l'amplification de ces nuées humaines qui se permettent une bouffée d'oxygène au grand bonheur des commerçants qui ne chôment pas du tout durant cette période. Finalement, on admet facilement que la paix n'a pas de prix quand on se réfère aux années passées où l'on restait cloîtrés chez soi, dans la léthargie et le stress, durant tout le mois de Ramadhan, car l'environnement était affecté par une série de calamités allant du terrorisme au banditisme en passant par une crise sociale qui perdure encore. «Aujourd'hui, on peut quand même souffler un peu, aller rendre visite aux amis et permettre à nos familles de changer un peu d'air en échangeant des visites comme jadis», nous affirme cet homme d'un âge avancé qui n'a pas caché sa joie de voir cette ville qui l'a toujours porté dans son giron revivre les bons moments de jadis. Cependant, pour bon nombre de promeneurs, les alentours du boulevard du 1er-Novembre, de la placette en face la mosquée Abou-Bakr-Essedik ou la route menant à la cité Wiam, 119 logements et 320 logements sont les plus prisés et constituent les parages parfaits pour «tuer le temps» au rythme des conversations et du bruit lancinant des véhicules. Au passage, autant signaler que le boulevard 320 logements et 119 logements affiche quotidiennement des encombrements, durant la soirée comme durant l'après-midi, qui rendent parfois la vie infernale aux automobilistes qui sont perpétuellement contraints à une gymnastique pour se frayer un passage. Outre les cafés et les magasins, bien des familles, accompagnées de leur progéniture, se permettent des haltes à la cité Wiam, En effet, le décor est le même dans la mesure où les citoyens peuvent, cette année, se permettre des sorties nocturnes et des petites balades pour partager un petit thé agrémenté d'une chamia entre copains, s'offrir une partie de dominos, de belote et de rami ou tenter sa chance au loto, un jeu qui a bien évidemment la cote durant le mois de Ramadhan, notamment à Ouled Bessem. Certains préfèrent rester chez eux pour suivre les programmes de «l'unique», très appréciés en de telles circonstances compte tenu de son affiche locale. D'autres, par contre, ignorent la «zéro» et passent leur temps à zapper les grilles des chaînes satellitaires, très nombreuses d'ailleurs. Par ailleurs, ce qui est davantage édifiant et particulier cette année, c'est que Tissemsilt et ses environs mettent aux oubliettes les moments palpitants et terrifiants des années passées dans la panique et la frayeur. Dans ce contexte, il y a lieu de mettre en relief la présence en force et remarquée des services de sécurité, Gendarmerie et Sûreté nationales, qui veillent, à travers une feuille de route accommodée pour la circonstance, sur la sécurité des biens et des citoyens. Nul ne peut nier les effets de cette présence dans la mesure où l'on n'entend que rarement parler d'agressions ou de vols, contrairement aux années précédentes où l'on avait constamment la peur au ventre. Dans ce sens, une dame que nous avons abordée nous a fait part de toute sa satisfaction de pouvoir sortir librement et sans crainte, de jour comme de nuit. «Dieu merci, on peut quand même, grâce aux efforts conjugués des autorités locales, des services de sécurité et de bien d'autres intervenants comme certains comités de quartier ainsi que le civisme de certains citoyens, respirer un peu d'air frais ou s'approvisionner sans qu'on soient agressé ni délesté de notre argent ou de nos bijoux», fait-elle remarquer en priant Dieu de sauvegarder cet environnement et de faire durer cette accalmie.