Contrairement aux dernières années, la population de Tiaret déguste les veillées ramadhanesques au rythme d'une atmosphère plus rayonnante que resplendissante. En effet, après les journées languissantes d'abstinence, caractérisées par un tempérament de brouille et d'avilissement, turlupinant les esprits, les familles côtoient l'extérieur pour savourer des veillées conviviales. Ainsi, après une telle réticence et un calme profond qui aurait duré quelques minutes, rupture de carême oblige, les artères de la ville, investies par les inconditionnels noctambules, retrouvent l'effervescence de la journée. Les rues, avenues, places et lieux publics reçoivent tout ce beau monde, notamment après la prière des taraouih où l'on remarque l'amplification de ces nuées humaines qui se permettent une bouffée d'oxygène au grand bonheur des commerçants qui ne chôment pas du tout durant cette période. “Finalement, on est plus que convaincus que la paix n'a pas de prix quand on se réfère aux années passées où l'on restait cloîtrés chez nous, dans la léthargie et le stress, durant tout le mois de Ramadhan, car l'environnement était affecté par une série de calamités allant du terrorisme au banditisme en passant par une crise sociale qui perdure encore. Aujourd'hui, on peut quand même souffler un peu, aller rendre visite aux amis et permettre à nos familles de changer un peu d'air en échangeant des visites comme jadis”, nous affirme cet homme d'un âge avancé qui n'a pas caché sa délectation de voir cette ville qui l'a toujours porté dans son giron revivre les bons moments de jadis. Cependant, pour bon nombre de promeneurs, les alentours du boulevard Emir-Abdelkader (ex-rue Bugeaud), de la place Regina ou la route menant aux cités Volani et Belle Vue sont les plus prisés et constituent les parages parfaits pour “tuer le temps” au rythme des conversations et des bourdonnements des véhicules. Au passage, autant signaler que le boulevard Emir-Abdelkader affiche quotidiennement des encombrements, durant la soirée comme durant l'après-midi, qui rendent parfois la vie infernale aux automobilistes qui sont perpétuellement contraints à une gymnastique pour se frayer un passage. Du côté de la maison de la culture Iziat-Lahcène et de l'esplanade de la place Regina, les citoyens ont droit à une panoplie d'activités culturelles et artistiques concoctée par la direction de la culture et qui s'étale sur tout le mois de Ramadhan. Outre les cafés maures et les magasins, bien des familles, accompagnées de leur progéniture, se permettent des haltes chez aâmi Boudjemaâ, le plus vieux et renommé pâtissier de la ville, ou au niveau de la pâtisserie l'Algéroise, dont la qualité du produit est avérée, pour s'offrir des friandises et des gâteaux du moment tels que zalabia, kelb elouz, cigares, qttayef… Dans ce sillage, la cafétéria le Carrefour, située sur l'avenue menant vers la cité l'Avenir, ne chôme pas puisque des familles entières viennent chaque soir siroter des boissons et déguster des glaces, histoire de fuir la chaleur de la maison pour aspirer un peu d'air frais. Si un tel constat est perçu au niveau du chef-lieu, une atmosphère similaire est vécue à travers les localités environnantes comme Sougueur, Ksar Chellala, Frenda, Rahouia…. En effet, le décor est le même dans la mesure où les citoyens peuvent, cette année, se permettre des sorties nocturnes et des petites vadrouilles pour partager un petit thé agrémenté d'une chamia entre copains, s'offrir une partie de dominos, de belote et de rami ou tenter la chance au loto, un jeu qui a bien évidemment la cote durant le mois de carême, notamment à Rahouia. Certains favorisent de rester chez eux pour scruter les programmes de l'unique, très appréciés en de telles circonstances compte tenu de son affiche locale. D'autres, par contre, ignorent la “zéro” et passent leur temps à zapper les grilles des chaînes satellitaires, très nombreuses d'ailleurs. Par ailleurs, ce qui est davantage édifiant et particulier cette année, c'est que Tiaret et ses environs mettent aux oubliettes les moments palpitants et terrifiants des années passées dans la panique et la frayeur. Dans ce contexte, il y a lieu de mettre en relief la disposition notoire et incontestable des services de sécurité, Gendarmerie et Sûreté nationales, qui veillent, à travers une feuille de route accommodée pour la circonstance, sur la sécurité des biens et des citoyens. Nul ne peut nier cet exploit dans la mesure où l'on n'entend que rarement parler d'agressions ou de vols, résultat diamétralement opposé par rapport aux années précédentes où l'on avait constamment la trouille dans les talons. Dans ce sens, une dame que nous avons abordée nous a étalé toute sa satisfaction de pouvoir sortir librement et sans crainte, de jour comme de nuit. “Dieu merci, on peut quand même, grâce aux efforts conjugués des autorités locales, des services de sécurité et de bien d'autres intervenants comme certains comités de quartier ainsi que le civisme de certains citoyens, respirer un peu d'air frais ou s'approvisionner sans qu'on soient agressés ou délestés de notre argent ou nos bijoux”, fait-elle remarquer en priant Dieu de sauvegarder cet environnement et de faire durer cette accalmie