De l'avis d'un grand nombre de ménages, les vêtements de l'Aïd El-Fitr sont chers cette année. Ils sont même excessivement chers, alors même qu'ils ne présentent pas toujours les garanties de qualité nécessaires. Prenant acte de ce constat, nous avons effectué une petite virée à travers différents magasins spécialisés dans le prêt-à-porter, au niveau de l'Algérois. Résultat des courses : faire ses achats pour l'Aïd semble être, en fait, un vrai casse-tête. En d'autres termes, même si la marchandise est disponible à profusion, le choix fait défaut. Autre fait à relever, les prix affichés ne reflètent nullement la qualité proposée. Premiers commerces à visiter, les magasins d'habillement pour enfants. Ici, une simple petite robe destinée à une fillette d'à peine 3 ans est cédée à 5 000 dinars. Cette somme n'inclut pas, faut-il le signaler, les frais des indispensables petites sandales neuves et les différents accessoires donnant à nos petites l'allure qui s'impose en cette occasion. Côté ensembles, une jupe et un pull assortis proposés pour des jeunes filles de 10 ans sont affichés à 6 000 DA ! Cette envolée des prix a également concerné l'habillement garçons. «Pour l'achat d'un simple pull-over, un pantacourt en toile et une paire de chaussures pour mon gosse de 3 ans, j'ai dû débourser quelque 8 000 DA», raconte Mohamed, un père de famille. Pour les femmes, le choix est largement varié. Le prix de la liquette oscille entre 1 500 et 6 000 dinars, selon le choix, au moment où la jupe est proposée à 3 000 dinars en moyenne. Les robes dites de tous les jours se vendent entre 3 000 et 10 000 dinars, les pantacourts 2 500 dinars et les pantalons entre 1 800 et 4 000 dinars. Le prix des sandales et autres chaussures se situe entre 1 200 et 5 000 dinars. Les sacs sont écoulés à partir de 800 dinars, a-t-on constaté au niveau des commerces visités. Les espaces spécialisés dans la vente des hidjab et abaya proposent leurs marchandises à plus de 4 000 dinars. Côté hommes, le choix est plus varié. Mais à quel prix ! Les pantalons classiques se vendent entre 2 000 et 8 000 dinars, les chemises entre 1 500 et 5 000 dinars et les chaussures de 2 000 à 15 000 DA. Cependant, il est un paradoxe à relever : même si les clients se plaignent des prix jugés trop élevés, l'engouement devant les caisses ne faiblit pas. Il faut dire aussi que ces derniers sont prêts à tous les sacrifices pour leurs enfants et que les commerçants sont très au fait de ce «point faible». Contacté pour de plus amples informations sur cette tendance haussière des prix des vêtements, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a déclaré que «les prix des vêtements ont augmenté de 30%, de 2011 à 2012, soit en l'espace d'une année seulement». Selon El-Hadj Tahar Boulenouar, cette situation est engendrée par plusieurs facteurs, notamment l'insuffisance de la production nationale en matière de textiles et la disparition du marché de la friperie, suite à la promulgation, l'an dernier, d'une nouvelle loi interdisant toute importation de produits de friperie». Poursuivant ses propos, il appellera à «l'abrogation de cette loi et à l'encouragement de l'investissement dans la production nationale du textile et du partenariat algéro-étranger dans ce secteur». Interrogé sur la qualité des vêtements proposés aux familles algériennes au niveau des différents espaces de vente et autres magasins, le porte-parole de l'UGCAA citera trois principales provenances. «D'abord, les produits chinois et turcs se situent en pole position et accaparent la part du lion sur le marché, soit 60% à 70%. Viennent, ensuite, à hauteur de 15% les vêtements fabriqués dans différents pays du continent européen et enfin, en petites quantités, les habits «made in Algeria», qui sont souvent fabriqués traditionnellement dans de petits ateliers», a-t-il indiqué. Selon M. Boulenouar, «plus d'un tiers de ces vêtements passe par l'informel, soit à travers des boutiques de circonstance, des marchés hebdomadaires ou alors des revendeurs non déclarés». Le porte-parole de l'UGCAA rappelle dans ce cadre l'existence de près de 2 500 points de vente informels au niveau national.