Mondialisation ou américanisation du monde ? Telle serait la question à poser au vu de l'évolution des événements sur la scène internationale, et ce, depuis l'effondrement du bloc socialiste. Ainsi, le spectre du communisme a cédé la place aux abominables dictateurs, aux monstres génocidaires, aux terroristes et autres islamistes, plus dangereux encore que le péril rouge. Si l'argent est le nerf de la guerre, la guerre à son tour permet à certains de gagner de l'argent, beaucoup d'argent. Avec la guerre du Golfe en 1991, Bush père inaugurait cette ère nouvelle. La plate-forme de politique étrangère de sa progéniture diabolique (en 2000) donne déjà une idée des ambitions stratégiques de la Maison-Blanche. Que prévoit cette plate-forme ? Abattre les régimes des Etats «voyous», à savoir l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, la Syrie, la Libye, le Yémen, le Soudan, la Somalie, la Corée du Nord et Cuba, entreprendre la mise en place d'un bouclier antimissiles et relever le «défi chinois» vu que la Chine constitue le principal concurrent stratégique des USA en Asie. Enfin, radicaliser l'OTAN pour y englober toute l'Europe de l'Est (sans la Russie), le Caucase, l'Asie centrale et le Proche-Orient. Même sans lire entre les lignes, on s'aperçoit que ce programme est principalement dirigé contre deux adversaires de taille, la Russie et la Chine. Les autres «ennemis» désignés sont en fait secondaires, des pièces mineures sur l'échiquier mondial. Zbigniew Brzezinski, maître à penser de tous les stratèges américains, dit aujourd'hui sans ambages que «l'Occident devrait créer un environnement qui décourage tout effort de la Russie pour remonter le cours géopolitique du temps et détruise chez elle toute illusion ou nostalgie quant au statut de grande puissance qu'elle avait jadis». Pour sa part, Samuel Huntington, auteur du livre Le Choc des civilisations, préconise la refonte de l'ordre mondial à la faveur de «conflits tribaux à l'échelle globale» et d'un «état de guerre prolongé en Eurasie». Il a ajouté que «l'émergence de la Chine comme puissance dominante en Asie serait contraire aux intérêts américains» et que «la prochaine guerre mondiale opposera la civilisation judéo-chrétienne à la collusion islamo-confucéenne». Enfin Bush lui-même déclare que «les Etats-Unis, tout en utilisant le libre-échange comme arme de la démocratie, devraient encercler la Chine dans une région d'alliances démocratiques fortes». En donnant aux mots démocratie et démocratique le sens qu'ils ont à la Maison-Blanche, le message est tout à fait clair. Cela dit, il y va, bien entendu, d'une domination économique totale. Le libre-échange que Bush mentionne en passant dans son discours est en fait le mot clé de cette question du complot «démocratique». C. A.