Dahou Ould Kablia et Abelmalek Sellal, respectivement ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et des Ressources en eau, étaient en visite de travail et d'inspection à El-Tarf. Déclarée officiellement zone sinistrée, cette wilaya frontalière avec la Tunisie à vocation agropastorale et touristique est confrontée depuis quelques jours à une multitude de problèmes de survie des populations, notamment celles des communes et localités situées à l'Ouest du chef-lieu de wilaya. Cette visite de membres du gouvernement s'imposait au regard du drame généré par de fortes intempéries suivies par d'importantes opérations simultanées de lâchers d'eau des barrages de Cheffia et Mexa. Elle s'imposait tant par l'ampleur du sinistre aggravé par de nombreuses défaillances des responsables locaux que par le décès de 3 personnes emportées par les crues de différents oueds dont ceux d'El Kebir et Boulatan et les affirmations du président de l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Ce dernier avait publiquement accusé les responsables des directions de la wilaya de ne pas avoir mis en application les différentes et multiples recommandations de l'APW quant à lancer des travaux de réfection, de curage des oueds et canalisations, de réalisation et de viabilisation d'ouvrages étroitement liés avec les activités des deux barrages en question. Le même élu a stigmatisé les responsables chargés de la gestion de ces deux infrastructures de ressources en eau quant à leur décision de procéder à des opérations simultanées des eaux en période hivernale et d'intempéries. Ces accusations ont été apparemment portées à la connaissance du président de la République qui a aussitôt chargé les deux ministres, Ould Kablia et Sellal de se déplacer à El-Tarf pour établir un bilan exhaustif de la situation et éventuellement situer les responsabilités dans les défaillances constatées. C'est en tous les cas l'interprétation que beaucoup de cadres de cette wilaya ont donné à la déclaration de M. Ould Kablia. En effet, mis au contact de 3 représentants des habitants de la localité Khémiri Ali (El Kous) dans la commune de Chatt, daïra de Ben M'Hidi, le ministre de l'Intérieur a annoncé à ses interlocteurs : «je suis là au nom du président de la République pour écouter vos doléances et prendre en charge vos problèmes pour les solutionner». Aussitôt dit, aussitôt décidé puisque le ministre a ordonné aussitôt au wali d'El-Tarf d'inscrire la réalisation de 140 logements sociaux locatifs au profit des familles sinistrées de cette localité située en bordure de la RN 44. Il a également ordonné la réalisation ou le lancement de travaux de rénovation de l'étanchéité et le ravalement des bâtiments ainsi que la viabilisation et l'amélioration des conditions de vie des quelques 3 000 habitants tous durement touchés par les inondations. Au fil des étapes inscrites au programme de leur visite, les deux ministres découvraient tout le drame que continuent à vivre des populations entières des communes et localités. L'eau est partout noyant sous plus ou moins un mètre de profondeur des immensités de terre agricole. Elle n'a épargné aucune habitation et autre domaine privé ou public. Des cadavres d'ovins et de bovins nageaient encore sur l'eau avoisinant avec des armoires et autres objets appartenant aux familles sinistrées qui ont juste eu le temps d'échapper à la furie des eaux tumultueuses et boueuses en provenance du ciel et des deux barrages, Cheffia et Mexa pourtant éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres. Au Kous, comme à Ben Amar, Lac des Oiseaux, Boulatan, Bouteldja ce n'était que désolation aux yeux des membres de la délégation ministérielle. Ils étaient accompagnés de M. Lakhdar Lehbiri, directeur général de la Protection civile, M Mabed Wali et autres autorités civiles et militaires. A chaque arrêt, les deux ministres émissaires du président de la République s'adressaient aux citoyens venus à leur encontre pour s'enquérir de leur situation et prendre connaissance de leurs problèmes et besoins. Tout en saluant les efforts consentis par la wilaya durant le sinistre ainsi que les éléments de l'Armée nationale populaire, la Gendarmerie nationale et ceux de la Sûreté nationale, ils annonceront plusieurs décisions. A l'image de celles portant réalisation d'un nouveau barrage (le 3e dans la région) dans la localité de Boulatan, le curage de l'oued Battah , véritable déversoir des eaux du barrage et de pluies et la prise en charge totale pour l'indemnisation des populations sinistrées. Les deux représentants du gouvernement devaient mieux s'imprégner de l'état des lieux lors de la réunion que l'un et l'autre devaient présider au siège de la wilaya. Ils apprendront ainsi que 24 000 ha de terre productive ont été et sont toujours noyés, entraînant la perte de toute la production des agrumes, une des richesses de cette wilaya. Si les pertes agricoles ont été évaluées par M. Nourredine Bouhadef directeur régional de la mutuelle agricole à quelques 700 millions dinars, les dégâts et autres pertes pourraient s'élever à dix fois plus.