Beaucoup se rappellent de ce huis clos qui a été instauré de juillet à fin du ramadhan pour le championnat tunisien de football. Le championnat entame à présent difficilement son parcours avec seize clubs répartis en deux poules de huit, alors que Tarak Dhiab, le ministre de la Jeunesse et des Sports milite plutôt pour une élite resserrée «à douze clubs, avec des play-offs, d'ici à deux ou trois ans». Mais l'urgence des urgences, après le financement, est de trouver, selon un journaliste de Jeune Afrique, «le remède à cette sédition qui s'enflamme peu à peu au niveau des stades et qui bétonne le présent et menace l'avenir». Le huis clos, déjà imposé après la révolution, a été remis au goût du jour cette saison, et les quatre dernières journées de championnat se disputeront – normalement – devant des tribunes uniquement peuplées d'abonnés clairement identifiés. «Comme le pays traverse une période de transition, certains pensent que tout est permis», déplore Sami Trabelsi, le sélectionneur des Aigles de Carthage. Le football creuserait sa tombe et les clubs commencent à ressentir cet étouffement et feraient deux pas en avant et un pas en arrière. «Il n'y a plus de recettes aux guichets, et des gradins vides ne vont pas inciter les sponsors à mettre de l'argent. Il faut rapidement trouver une solution. Pour les joueurs, l'absence de public peut être un peu démotivante. Et elle est trop pénalisante pour les finances des clubs, qui souffrent déjà de la crise.» Au ministère de la Jeunesse et des Sports, Tarak Dhiab plaide pour un mélange «de prévention et de répression. Il faut bien sûr un dialogue entre les clubs et les supporters, mais ces violences sont inacceptables. Les interdictions de stade, de déplacements de supporters, les retraits de points et des amendes dissuasives, ce sont aussi des solutions». Jalel Ben Tekaya, son conseiller, évoque des réunions avec la Fédération tunisienne de football (FTF) et les ministères de l'Intérieur et de la Justice pour étudier quelques mesures chocs. Il déclare «je ne veux pas trop en parler. Mais quand nous rencontrons les groupes de supporters, nous constatons qu'ils veulent majoritairement rester indépendants, alors que nous avions soumis l'idée de leur donner un cadre juridique, éventuellement avec un soutien financier». Ainsi va le sport en Tunisie. Lui qui n'avait qu'une seule béquille, le voilà aujourd'hui obliger d'en porter deux. Puisqu'il serait prochainement question, «d'interdiction de stade, retrait de points, amendes... Des mesures chocs sont à l'étude». Qui arrêtera ce mal ? Comment faire pour que le sport en général ne quitte pas cette chère ambiance tant aimée de tous et appréciée par les voisins et autres continents ? Cette équipe qualifiée pour quatre Coupes du monde de la FIFA , la première en 1978, cette équipe a représenté dignement le continent africain en 1978 en Argentine où elle réussit à battre le Mexique (3-1), avant de tenir tête aux Allemands de l'Ouest sur un score vierge. Depuis, l'équipe tunisienne est la seule équipe africaine à se qualifier par trois fois aux Coupes du monde : 1998, 2002 et 2006. Et aujourd'hui, cet emblème fait face à différents courants d'air. L'histoire marquée par le passage de 1956 à ce jour, par 22 sélectionneurs et si chacun de ses vivants se mettaient à raconter son histoire. Qu'allons-nous retenir ? De bons et mauvais souvenirs mais jamais dans cette mauvaise qualité d'ambiance, «aujourd'hui, dira Dimassi, la police est trop passive. Elle se sent en danger, et elle sait que si elle se montre trop dure, elle sera ouvertement critiquée par les médias et l'opinion publique». Le journaliste de JA souligne avec soins que «le changement de régime n'a pas réglé le problème de la violence dans les stades, tant s'en faut, le 18 août, des supporters de l'Etoile du Sahel, furieux de voir leurs favoris menés (0-2), ont provoqué l'interruption de la rencontre de Ligue des champions face à l'Espérance». De son côté, le sélectionneur de la Tunisie, Sami Trabelsi, reconnaît que le football n'est pas tombé dans le piège de ce tourbillon qui secoue le pays : «Il a des bases assez solides. Les clubs professionnels disposent de leurs propres centres, et les académies privées se sont développées. Quelques jeunes talents en sortent – pas assez selon moi – et parallèlement, il y a toute une génération de jeunes entraîneurs, comme Maher Kanzari (à Bizerte, ndlr) ou Nabil Kouki (à Sfax), qui font du bon travail.» Il admet que le football tunisien avance à pas de loup, mais repose aussi sur les joueurs qui évoluent en Europe. Pour gagner du temps, une direction technique nationale est mise en place pour «dénicher» en Europe des joueurs d'origine tunisienne. «Nous avons déjà attiré Ben Hatira, né en Allemagne, ou Saihi, né en France. On vise Saphir Taïder, qui joue à Bologne (Italie), ou Wahbi Khazri (Bastia, France). On discute avec eux. La sélection est attractive, car elle a des résultats, des objectifs, et elle est bien organisée», ajoute-t-il. Sur un autre sujet, il livre ses impressions sur les championnats du Golfe qu'ils considèrent comme «pas si faibles qu'on le dit». Il est allé jusqu'à dire que «celui du Qatar est sans doute meilleur que le nôtre».