La représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour le sort des enfants en temps de conflit armé, l'Algérienne Leila Zerrougui, a présenté, mercredi devant le Conseil de sécurité, un rapport dans lequel elle a présenté un état des lieux ainsi que les actions à mener pour cesser les violences contre les enfants. Le rapport recense notamment les recrutements et utilisations d'enfants, les violences sexuelles, les meurtres et mutilations, les enlèvements, les attaques contre des écoles et des hôpitaux et le déni d'accès à l'aide humanitaire. La nouvelle représentante spéciale a indiqué qu'en 2011, des plans d'action avaient été signés en Afghanistan, en République centrafricaine et au Tchad, et en 2012, au Soudan du Sud, en Birmanie et en Somalie. A ce jour, 20 plans d'action ont ainsi été établis ou sont dans une phase de mise en œuvre. Elle se félicite du fait que le plan d'action avec la République démocratique du Congo (RDC) était sur le point d'être finalisé et devait être signé dans les semaines à venir. Bien que des progrès aient été enregistrés, la tâche est encore loin d'être accomplie, notant que 52 forces et groupes armés figuraient sur les listes du rapport. En 2011, des changements énormes ont été observés dans l'environnement international, créant ainsi de nouvelles opportunités, mais aussi de nouveaux défis pour les Nations unies sur ce sujet, en citant les situations en Libye, en Syrie ou au Mali, qui posent de nouvelles menaces pour les enfants. La situation en Syrie est terrible, a-t-elle affirmé, en soulignant que son équipe et d'autres collègues des Nations unies avaient fait état d'attaques contre des écoles ainsi que d'informations selon lesquelles des enfants sont privés d'accès aux hôpitaux, des filles et des garçons meurent dans les bombardements ou sont victimes de tortures, y compris de violences sexuelles. Le bureau de la représentante spéciale a également rassemblé des preuves de violations commises par des groupes armés non étatiques en Syrie, notamment par l'Armée libre syrienne, qui a des enfants enrôlés dans ses forces. En Libye, a-t-elle poursuivi, la violence localisée et la présence continue de brigades armées menacent la vie des enfants, et ce, longtemps après la violence généralisée de 2011. En outre, depuis le début de la crise au Mali, en mars 2012, des violences graves ont été commises contre les enfants, citant aussi des centaines de cas de recrutement et d'utilisation d'enfants par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), ainsi que par Ansar Dine et le Mouvement pour l'unité du djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Elle a, de même, jugé particulièrement alarmantes les informations faisant état de nouveaux camps d'entraînement dans le nord du Mali, menés par des groupes armés. La violence sexuelle contre des enfants, en particulier par le MNLA, est une source de profonde inquiétude. Dans ses recommandations, le rapport encourage le Conseil de sécurité à exercer des pressions croissantes sur les parties inscrites sur les listes citées dans les rapports annuels, qui persistent à commettre des violations graves contre des enfants. Il s'agit notamment de l'établissement de liens avec les régimes de sanctions du Conseil de sécurité, l'adoption par celui-ci d'autres mesures concrètes, notamment des consultations spécifiques sur les auteurs qui persistent dans leurs actes, et la coopération étroite avec les tribunaux nationaux et internationaux pour s'attaquer aux auteurs récidivistes qui n'ont pas pris de mesures pour mettre fin aux violations graves. Par ailleurs, et durant cette même séance, le Conseil de sécurité a adopté une résolution dans laquelle il a réaffirmé qu'il était prêt à adopter des mesures ciblées et graduelles contre les parties qui persistent à commettre des violations et des sévices sur des enfants en période de conflit armé. Le Conseil de sécurité a demandé aux Etats concernés de traduire en justice les responsables de telles violations en ayant recours à leur système judiciaire national et, le cas échéant, aux mécanismes de justice internationale.