Selon le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, il faut réaffirmer la place de la santé au cœur du politique, autrement dit faire de la santé la préoccupation de tous les secteurs, de tous les membres du gouvernement. Il souhaite que le gouvernement consacre une réunion pour pouvoir préparer la profonde réforme de la santé. Il constate que, ces dernières années, un statu quo a existé dans le secteur de la santé au grand mécontentement de tous. Il rappelle que le secteur public de la santé doit être l'essentiel des activités de santé et de soins, telles que c'est inscrit dans la Constitution algérienne. Pouvoir se soigner aujourd'hui, dans notre pays, fait-il remarquer, relève d'une difficulté extrême. On doit améliorer les prestations et l'accès aux soins, dit-il. A propos de la loi sur la santé, elle est dépassée par le temps, fait-il observer, beaucoup de choses ont changé depuis 1985. Les tentatives de réviser cette loi ont échoué à cause de la méthode utilisée. Tenter de faire passer ses idées de façon centralisée est voué à l'échec. Une loi engage le pays sur 20 ans. Pour réviser cette loi, il souhaite que l'on tienne compte de l'avis de tous, du citoyen jusqu'aux médecins. La politique de santé doit être un exemple de démocratie, estime le Dr Bekkat qui parle de co-décision. Il y a, ajoute-t-il, des dispositions légales qui ont été méconnues comme celle portant création de l'Agence nationale du médicament qui date de 2008 et qui est excellente et heureusement, fait-il remarquer, que le nouveau ministre de la Santé l'a remise au goût du jour et a nommé une personne pour faire redémarrer la gestion du médicament dans des conditions modernes. Il y a une autre disposition légale qui a dégarni le secteur de la santé publique alors que les médecins de ce secteur ont une mission très précise, une mission de référence dans les centres hospitaliers et d'enseignement vis-à-vis des étudiants qui a tant manqué ces dernières années. Le Dr Bekkat insiste sur l'urgence d'avoir un plan anti cancer à court terme, à moyen terme et à long terme, ça peut se faire en une semaine, dit-il. Selon le Dr Bekkat, il y a un manque de confiance du citoyen à l'égard du service public de santé, avec la pénurie du médicament.