“Les patients pris en charge par ces étrangers, dont la qualification n'a pas été vérifiée, ne sont pas à l'abri de faute médicale”, met en garde le Dr Bekkat. Selon lui, les textes fondamentaux qui régissent le secteur de la santé doivent faire l'objet d'un grand “toilettage”. Le président du Conseil de l'ordre des médecins, Bekkat Berkani Mohamed, a dénoncé jeudi à Alger l'emploi par certains établissements médicaux privés de médecins étrangers en violation de la déontologie médicale. M. Bekkat, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse en marge de la 6e Rencontre nationale d'éthique et de déontologie médicales, a qualifié ces étrangers de “médecins touristes”. Cette pratique qui tend à se généraliser constitue un danger pour le malades. De nombreux chirurgiens étrangers, notamment des Polonais, sont employés temporairement, particulièrement durant le week-end universel (samedi et dimanche), par des cliniques privées. Ils viennent en Algérie pour opérer des patients hospitalisés dans ces établissements. Ils sont ensuite abandonnés à leur sort, sans aucun suivi médical post-opératoire. Selon M. Bekkat, ces étrangers pratiquent la chirurgie dans un cadre “illégal et en violation de la déontologie médicale”. Ils exercent grâce à de simples dérogations du ministère de la Santé sans être inscrits au Conseil de l'ordre comme le stipule le code de déontologie médicale. “Les patients pris en charge par ces étrangers, dont la qualification n'a pas été vérifiée, ne sont pas à l'abri de faute médicale”, met en garde le Dr Bekkat. Selon lui, les textes fondamentaux qui régissent le secteur de la santé doivent faire l'objet d'un grand “toilettage”. Pour y parvenir, le président du Conseil de l'ordre plaide pour la tenue d'assises nationales sur la santé pour mettre en place une politique de santé pour les vingt prochaines années. L'administration centrale doit réunir tous les acteurs de la santé pour faire un état des lieux de ce secteur, estime le Dr Bekkat. “Il est temps de penser à des assises nationales sur la santé pour mettre en place une politique de santé pour les vingt années à venir, avec la participation de toutes les parties concernées (ministère de tutelle, syndicats médicaux...)”, a-t-il dit. Le Dr Bekkat estime que le secteur public doit être dominant. “Il doit être la référence”, souligne-t-il. Il est vrai que le recours aux établissements privés a pris de l'ampleur ces dernières années en Algérie, notamment lorsqu'il s'agit de subir un acte chirurgical. Le président du Conseil de l'ordre estime que cette situation est la conséquence de la perte de confiance dans le secteur public qui frappe les Algériens. Il a souligné la nécessité de réviser la loi de santé qui date de 1985. “À l'époque, il y avait à peine 10 000 médecins en Algérie, aujourd'hui leur nombre à triplé et le pays compte actuellement plus de 36 000 médecins toutes spécialités confondues”, a-t-il dit. R. Benkaci