«Le rôle de ce genre de rencontres est de faire avancer les choses et progresser la culture des droits de l'Homme», dira Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, hier, en marge de la 7e rencontre du dialogue euro-arabe des institutions nationales des droits de l'Homme, à Alger. Il a informé que ces commissions de droits de l'Homme sont «des institutions d'influence» qui essaient de faire progresser les droits de l'Homme dans leur pays. «C'est un travail de long haleine... il faut y mettre tous les moyens et surtout de la bonne volonté». A notre question de savoir pourquoi l'Algérie ne signe pas la déclaration spéciale permettant aux individus et aux ONG d'ester la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples, puisqu'elle a ratifié le protocole depuis des années, Me Ksentini a expliqué que la commission œuvre en ce sens. «Nous voulons que l'Algérie apporte sa signature de manière à ce qu'il soit permis à un citoyen de saisir la Cour africaine, en cas de litige avec l'Etat qui est le sien», a-t-il dit, avouant que : «les choses ne viennent jamais très vite mais nous faisons en sorte qu'elles se réalisent». Pour ce qui est des intimidations que subissent les militants des droits de l'Homme, à l'instar de Yacine Zaïd, l'interlocuteur a estimé que ce «n'est pas une politique délibérée du gouvernement de persécuter les militants des droits de l'Homme», mais selon lui, il y a des responsables au niveau local qui assurent mal leur fonction. Concernant le texte portant sur la réconciliation nationale, Me Ksentini a indiqué que des mesures complémentaires ont été envisagées et que c'est au président de la République de juger de l'opportunité de les prendre, en lançant : «nous ne pouvons pas faire pression sur lui». Quant aux propos du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, qui a estimé que les magistrats n'étaient pas assez fermes avec les délinquants, le président de la commission a bien tenu à préciser que «le pouvoir exécutif n'a pas à tenter d'influencer les juges». «La répartition des pouvoirs est une règle absolue ! Chacun fait ce qu'il doit faire dans le cercle de sa compétence», a-t-il recommandé, en ajoutant que la réprimande du ministre «n'est pas méchante» et que l'expression a «dépassé» sa pensée. Au cours de son allocution d'ouverture de cette rencontre, Me Ksentini a indiqué que le dialogue s'avère fécond s'il privilégie le respect de l'interlocuteur et la qualité de ses points de vue. Evoquant la conjoncture actuelle que vit la région arabe, il a estimé que «le dialogue déjà engagé doit être poursuivi», en affirmant que les institutions des droits de l'Homme «peuvent être d'un apport considérable», et d'apporter une pierre à l'édification d'un ensemble collectif qui est l'Etat de droit.