L'invité de la Chaîne III se dit étonné du fait de la non-publication, jusqu'ici, du rapport final de la Charte pour la paix. Niet catégorique et exclusion de toute éventualité du retour des dirigeants de l'ex-FIS, qualifiés de responsables de la tragédie nationale sur la scène politique. C'est ce qu'a déclaré, hier, sur les ondes de la ChaîneIII, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh). S'appuyant sur les textes de la charte, soumis «à des interprétations à des fins propagandistes» par certaines personnalités, Farouk Ksentini vient geler les espoirs des ex-dirigeants du FIS dissous et remettre ainsi les choses au clair. L'avis de Farouk Ksentini intervient après la récente «mise au point» du ministre de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni à l'adresse de certains activistes islamistes. «Les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sont claires et ne souffrent d'aucune ambiguïté. Elles interdisent aux responsables de la tragédie nationale toute activité politique quelle que soit sa couleur». Par ailleurs, il qualifie de «non démocratique» le fait d'empêcher ces personnes, reconnues d'avoir été à l'origine de la crise des années 90, «d'émettre des opinions», mais à la condition «qu'elles les expriment dans un cadre légal». La polémique est ainsi close. Les islamistes de l'ex-FIS devront désormais cesser de faire les beaux rêves d'un FIS ressuscité. Farouk Ksentini ne voit aucune autre interprétation de la charte. Peu avant lui, Zerhouni, lors d'une récente déclaration, a balayé d'un revers de la main les espoirs et les projets politiques des dirigeants du FIS dissous. «Il y a une loi et le rôle du gouvernement et des autorités est de l'appliquer», a-t-il précisé. Interrogé sur le motif de sa précédente rencontre avec Rabah Kebir, Me Ksentini dira que la discussion a tourné exclusivement autour du processus de la réconciliation nationale. «Nous avons aussi parlé des droits de l'homme et de la démocratie». Bizarre! Sur le dossier des disparus, le président du mécanisme ad hoc souligne que l'Etat algérien doit impérativement dire la vérité aux familles. Cela devra se faire, d'après lui, après indemnisation et réparation morale de ces mêmes familles. L'invité de la Chaîne III se dit étonné du fait de la non-publication, jusqu'ici, du rapport final de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une autre interrogation qui demeure sans la moindre réponse. Au sujet du verdict prononcé à l'encontre du journal Ech-Chourouk, Farouk Ksentini s'est dit «scandalisé» par la condamnation, mais «persuadé» que la Cour suprême rectifiera le tir. Il s'oppose dans la foulée, au fait d'emprisonner les journalistes pour leurs idées et écrits. Même position adoptée contre la peine de mort qu'il a qualifiée «d'absurde, cruelle et inutile». Farouk Ksentini a collé à l'Algérie l'étiquette d'un pays émergent en termes de droits de l'homme. «Le train des choses n'est pas suffisamment rapide, beaucoup de progrès restent à faire». Quant aux derniers attentats ayant ciblé deux commissariats à l'est d'Alger, Farouk Ksentini estime que «c'est l'oeuvre de certains criminels qui essaient de compromettre le projet de la paix».