Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), a regretté l'exécution du prisonnier algérien en Irak, qualifiant le procès tenu dans ce pays pour le jugement de ces prisonnier de «non équitable». «Nous regrettons cette exécution. Le grand problème dans cette affaire, c'est que le procès n'a pas été équitable», a déclaré Farouk Ksentini en marge de l'ouverture des travaux de la septième édition du dialogue des institutions des droits de l'homme arabo-européen à Alger. Pour lui, «il n'existe pas de justice en Irak». Il rappelle, dans ce contexte, le procès de l'ancien président Saddam Hussein où le juge irakien, a-t-il souligné, «ne respecte pas les droits de la défense». M. Ksentini affirme que les prisonniers algériens en Irak ont pris contact avec lui, mais l'Algérie ne peut rien faire. «L'Irak est un pays souverain et les autorités algériennes ne peuvent pas s'ingérer dans la justice de ce pays. L'Algérie peut faire appel à la diplomatie pour tenter de les ramener à la raison», a-t-il indiqué, soulignant que même «la commission des droits de l'homme irakienne est affaiblie et n'a aucun rôle à jouer dans ce pays». A propos des prisonniers algériens détenus en Tunisie, maître Ksentini affirme l'existence d'une volonté de la part de la Tunisie pour trouver une solution à ce problème. «Le dialogue a été déclenché avec la Tunisie qui semble être coopérative sur cette question», a-t-il précisé soulignant que «la poursuite du traitement de ce dossier est entre les responsables des deux pays». Interpellé sur les intimidations répétées à l'égard des défenseurs des droits de l'homme en Algérie, M. Ksentini les qualifie de «maladresse locale». «Je pense que c'est une maladresse de la part des gens qui ont la capacité de poursuivre judiciairement», a-t-il indiqué, précisant que «les poursuites judiciaires engagées contre eux se soldent par des décisions symboliques, à savoir des amendes et des peines avec sursis susceptibles d'appel». Pour lui, «il n'existe pas de volonté politique délibérée du gouvernement de persécuter les militants des droits de l'homme». Il a affirmé qu' «au niveau local, il y des gens qui assurent mal leur fonctions. C'est une condamnation inutile dont on pouvait faire l'économie». Faisant référence au procès de Yacine Zaïd, condamné à 6 mois de prison avec sursis et à une amende de 10 000 DA, le président de la CNCCDH dira : «J'espère que se sera le dernier incident de ce genre.» A propos des droits de l'homme en Algérie, maître Ksentini affirme que des avancées notables ont été réalisées grâce à la volonté des autorités et de la société civile qui «ont contribué à améliorer la situation en matière de pluralisme, d'élections, de droits sociaux et de libertés». Il a relevé le problème de l'application des lois. «C'est une culture qu'il faut inculquer», a-t-il dit, relevant «l'existence d'une volonté politique, mais l'effort collectif est encore défaillent». Abordant la question de la constitutionnalisation de la CNCCDH, maître Ksentini estime que c'est une nécessité. «Une fois mise dans la Constitution, elle devient intouchable et personne ne peut l'accuser d'appartenir à telle ou à telle partie. C'est la seule façon pour qu'elle appartienne à jamais au peuple algérien».