La septième édition du dialogue des droits de l'Homme euro-arabe des institutions des droits de l'homme se tient, depuis hier, à Alger, sous l'égide de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH). Cette rencontre, à laquelle prennent part Mohamed Boughazi, conseiller à la présidence de la République, et des militants des droits de l'Homme, a été un espace de débat sur le rôle des institutions des droits de l'Homme lors des soulèvements populaires à la lumière des récentes révolutions arabes. Le président de la CNCPPDH, Me Ksentini, est catégorique : les mutations opérées dans le monde arabe après ces révolutions, confirment une évolution considérable des droits de l'homme dans la région. Toutefois, il a souligné que le dialogue dans son acception générale signifie « recours à la raison et écoute de l'autre ». Ce dialogue exclut « toute forme de violence et de primauté idéologique », indique-t-il en rappelant que dans ces moments de grandes incertitudes qui frappent, à divers degrés, mais de plein fouet nos régions respectives, menaçant ainsi la stabilité, la paix et le bien-être général, le dialogue doit être « poursuivi ». Il dira que cette étape cruciale, les institutions nationales des droits de l'Homme peuvent être d'un apport considérable ; elles doivent être des passerelles entre leur société civile et leur gouvernement. CHARLOTTE FLINDT PEDERSON : « POUR DES SOCIETES DYNAMIQUES » Mme Charlotte Flindt Pederson, vice-présidente exécutive et directrice du Cercle international de l'institut du Danemark des droits de l'homme, présidant, actuellement, la commission du dialogue des droits de l'Homme euro-arabe, a souhaité que la rencontre d'Alger participe à la conception de recommandations sur la participation populaire dans la prise de décision. Selon elle, il faut construire des sociétés dynamiques, consacrant le sens de la citoyenneté devant permettre au peuple de fonder avec les autorités publiques un Etat de droit. « Les institutions des droits de l'Homme ont un rôle prépondérant dans la consolidation de la participation populaire, en stimulant de véritables débats sur la réalité du terrain », estime-t-elle. Les instances des droits de l'Homme sont aussi des traits d'union entre la société interne et externe, ayant le pouvoir de revoir les mécanismes administratifs et judiciaires et d'élaborer des rapports internationaux sur la situation des droits de l'Homme. L'avocate Fatima Benbraham a estimé que les printemps arabes constituent une prise de conscience de la force arabe par rapport « au monde qui nous est hostile, à savoir au monde européen ». « Il existe beaucoup d'antagonismes entre ce qu'on veut nous faire croire et ce qui s'applique dans la réalité. Dans les pays les plus développés, les restrictions frappant les droits de l'Homme sont plus récurrentes, à l'exemple des Etats-Unis qui gardent toujours la prison de Guantanamo ouverte. Les droits de l'Homme sont une arme utilisée par les politiques pour justifier leurs actions », conclut-elle. Une opinion que partage Mme Saïda Benhabilès, présidente de l'Association nationale de solidarité avec la femme rurale. « La communauté internationale organise ce genre de rencontre pour alléger sa conscience, puisque les débat ne se font pas à partir de la réalité », estime-t-elle, en citant l'exemple de la situation des enfants bombardés à Ghaza. L'avocate Nadia Aït Zaï a déclaré qu'il faut trouver un code de conduite en matière des droits de l'Homme en ce qui concerne les pays arabes et leurs relations avec les partenaires européens.