Le nord du Mali, région en majorité désertique représentant les deux-tiers de son territoire, est depuis fin mars début avril sous contrôle de groupes armés alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui prônent l'application la charia (loi islamique) dans tout le pays. Le Nord est tombé aux mains des islamistes armés, qui ont profité d'un coup d'Etat militaire contre le président Amadou Toumani Touré (ATT) le 22 mars. Ils ont évincé leurs ex-alliés du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), qui avait lancé l'offensive en janvier. Amnesty International a dénoncé la multiplication des violences et châtiments corporels infligés par les islamistes dans le Nord, «au nom de leur interprétation de la charia»: exécution par lapidation d'un couple non marié, amputations de présumés voleurs, à la suite de «parodies de procès», flagellations de buveurs d'alcool ou de fumeurs. Les islamistes ont également démoli la majorité des mausolées des saints musulmans de la cité de Tombouctou. Issue de l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, Aqmi a fait allégeance à Al-Qaïda et dispose depuis 2007 de bases dans le Nord malien, d'où elle commet régulièrement des attaques et enlèvements d'Occidentaux dans plusieurs pays du Sahel. Aqmi est dirigée par des Algériens, parmi lesquels Mokhtar Belmokhtar dit «Le borgne» et Abdelhamid Abou Zeid. Dirigé par Iyad Ag Ghaly, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, Ansar Dine est apparu au grand jour cette année. Mais son équipe est renforcée par des combattants qui étaient membres actifs de la branche maghrébine d'Al-Qaïda. Parmi eux figure Abdelkrim Taleb, un cousin touareg d'Ag Ghaly, qui dirigeait une petite unité au sein d'Aqmi. Le groupe ne réclame pas l'indépendance du Nord, contrairement à la rébellion touareg du MNLA. Il a des liens avec des cellules d'Aqmi dont des combattants l'appuient et est désormais ouvertement soutenu par des chefs d'Aqmi.