Ce ne sont pas des élections locales qui vont restructurer le paysage politique. Par les urnes, il n'y avait jamais eu de recomposition, une vraie recomposition politique. Par les armes, il n'y avait jamais eu de recomposition politique. Tout juste un changement d'équipes au sein du pouvoir. Quelques-uns partent tout en sachant qu'ils reviendront un jour, d'autres restent pour qu'il n'y ait pas de guerre entre ceux qui ont toujours été identifiés au système. Par le dialogue, il ne faudrait rien espérer de nouveau, car lui-même s'avère un facteur d'aggravation de la crise. Pour ce qui concerne par exemple les pays du Golfe, il n'y a même pas d'élections, ce qui implique que le pouvoir demeurera toujours le pouvoir, à tout prix et quel qu'en soit le coût. Cependant, là où il y a des élections, cela ne veut pas dire qu'il y a une démocratie. Non. Peut-il exister une recomposition politique sans élections libres ou sans élections tout court ? Non. Même s'il se produit une révolution colorée sans violence. Non également s'il se produit des émeutes du genre de celles qui s'étaient produites en octobre 88. Des hommes politiques sont passés maîtres dans la fabrication des inquiétudes. On dit à chaque fois lors des élections législatives - ils le disent bien sûr au niveau des participants au pouvoir - qu'ils y vont la «crampe» au ventre car ils ont peur que les islamistes emportent la majorité. Et pourtant, ils savent très bien que cela ne sera pas le cas. Quels partis islamistes seront-ils susceptibles de gagner les élections ? Le MSP est discrédité. Pour les islamistes, il a été créé dans le laboratoire du pouvoir. Il confirme cette accusation en participant au pouvoir. Abassi Madani lui-même l'avait accusé d'être un diviseur des rangs et avait rejeté la demande de feu le patron du MSP d'une alliance en lui répondant qu'en islam, «il n'y a pas d'alliance». Un autre parti était vu gagnant. Il aurait pu s'appeler officiellement Wafa. Le refus de sa légalisation avait protégé le FLN. Si réellement pouvaient être nombreux ceux qui, au niveau du pouvoir, se tenaient le ventre et conjuraient lors des dernières élections une large victoire des islamistes, cela sous entend que les pouvoirs publics se sont pas vraiment trompés quand ils assuraient que l'intégrisme ne passerait pas.