Il y a actuellement des tentatives pour créer une coalition entre les partis islamistes en prévision des élections législatives, pensez-vous qu'elles vont réussir ? Les islamistes ont prouvé par le passé qu'ils n'ont pas de culture de la coalition basée sur des bases stratégiques. L'ego surdimensionné des dirigeants islamistes a empêché toutes les précédentes tentatives de coalition. Il y a eu une démarche pour la création d'une coalition sous l'égide de la ligue de prédication islamique, mais cela n'a pas abouti à l'approche des élections de 1991. Abassi Madani était alors apparu et avait dit qu'il n y avait d'autre initiative que le FIS. Une autre tentative entre le FIS et Abdellah Djaballah à travers un appel a des élections présidentielles anticipées avait échoué avant les législatives de 1991. Tout cela m'amène à dire que le principe de solidarité entre les islamistes existe en théorie, mais les conflits ont toujours aigus entre eux. On ne sent par exemple pas que Abdelmadjid Menasra ou Abdellah Djaballah ou d'autres islamistes ont une volonté de coalition ce qui signifie faire des concessions. Cette remarque vaut aussi bien pour les autres partis non-islamistes, situation que j'appelle « la tendance à se disperser » dans la classe politique. Cela signifie que les islamistes n'entreront pas sur le ring électoral comme une seule force… Assurément, la dispersion les a affaiblis et cette situation est visible sur plusieurs aspects, dont ceux que j'appelle « les islamistes légitimes » qui s'arrangent avec le pouvoir beaucoup qu'ils ne s'intéressent à la coordination entre eux. Ce qui signifie qu'ils qui sont ont pour objectif d'entrer dans la stratégie du pouvoir, le régime en place est donc conscient que la situation des islamistes ne leur permettra pas de former une force ce qui est dans son intérêt. En dépit du fait que mes informations indiquent que les élections prévues seront différentes des précédentes échéances du point de vue transparence, le courant islamiste ne constituera pas une source de nuisance pour le pouvoir, qui a on peut dire ses propres islamistes, à commencer par Soltani et Djaballah que je considère comme faisant partie de la stratégie du pouvoir, puisqu'il s'est éloigné en tant qu'islamiste indépendant du pouvoir, au contraire du FIS. Quel sont pour vous les chances des islamistes lors des élections au vu de ce que vous appelez « sa dispersion » ? Je ne prévois pas une majorité confortable pour les islamistes, quant au scénario des élections de 90 et 91 je l'écarte totalement. Cela ne signifie pourtant pas qu'ils n'auront aucun rôle. Il est vrai par exemple que l'exécutif du MSP a perdu se crédibilité, mais a néanmoins bénéficié d'une adhésion dans l'administration et a crée des réseaux et s'est déployé dans l'Algérie profonde grâce à ses responsables locaux, ses directeurs de wilayas, qui y sont affiliés et grâce aux hommes d'affaires. Ce que je veux dire c'est qu'il est devenu une partie du régime et a montré une force financière capable d'orienter les élections, contrairement aux autres partis islamistes.